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14 juillet 2006 5 14 /07 /juillet /2006 16:55

 

En créant la collection de poche " La maîtresse en maillot de bain " l’éditeur Jean-Jacques Reboux s’est embarqué dans une aventure où les petits bonheurs et grands malheurs de l’enfance sont revisités par une pléiade d’auteurs. A chacun l’art et la manière de livrer le fruit du souvenir fondateur avec toute la démesure, tous les frasques et errements, tous les secrets réels ou imaginaires qui lui sont accolés.

Avec Les gros seins de la petite juive, Jean-Pierre Andrevon, nous entraîne à Grenoble pendant l’occupation allemande. Il a treize ans alors et mène somme toute une petite vie tranquille. Son environnement se limite à l’appartement familial, la place Victor-Hugo en bas et le lycée Champollion en face. Il a les jeux et les occupations d’un jeune qui tarde à entrer dans l’adolescence. Il n’a pas vraiment d’amis, fréquente à l’occasion le fils de la concierge et ne prête aucune attention à la sœur de celui-ci. De cette époque, l’auteur fait mine de n’avoir que des souvenirs confus ou sujets à caution. Sa mémoire pourtant se focalise sur l’expression ces gens-là utilisée communément par ses parents pour désigner les personnes dont il faut se garder. Et c’est à partir de cette injonction familiale que la question juive fera irruption, le laissant d’abord impassible, puis embarrassé et enfin ébranlé au plus haut point. Car les concierges sont ces gens-là et la fille vient lui demander de n’en rien dire. Elle usera pour cela d’un argument tout à fait irrésistible. Puis disparaîtra avec toute sa famille.

Quand je pense à la petite juive, je pense à ses seins. Ses gros seins. C’est ce que je revois à travers les yeux de la mémoire : les gros seins de la petite juive. Elle avait… je ne sais pas. Quinze ans, peut-être seize. Ou tout aussi bien quatorze. Les filles, les seins leur poussent vite.

Pour Andrevon, les larmes ont commencé à couler peu après cette entrée dans la vie. Déesse ou fantôme, la petite juive habite encore l’auteur plus de cinquante ans après.

 

Les gros seins de la petite juive de Jean-Pierre Andrevon, collection la maîtresse en maillot de bain aux éditions Après la Lune, 58 pages, 6€.

 

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commentaires

S
Merci pour l'info; je ne connaissais pas cette collection (aïe ! pris en flagrant délit d'ignorance: je déteste cela !). J'en profite d'ailleurs pour dire tout le bien que je pense de JP Andrevon, l'un de nos grands romanciers populaires, malheureusement trop méconnu.
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