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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 17:53


Ne restez pas sur le pas de la porte. Entrez donc ! Ce soir on discute au café. Non, ne souriez pas, on discute pour de vrai. Ce serait dommage de rester dehors, vous m’avez l’air d’avoir envie de parler, non ? Pour le moment, il n’y a pas foule mais passez donc la porte vous verrez, il y a Gilbert Marquès qui vient juste de lancer un débat sur l’actualité. Bon, je vous laisse réfléchir un instant…

 

 

L'actualité est actuellement chargée dans de nombreux domaines et se caractérise par un qualificatif dominant : contestataire.

Contestataire en politique avec les nouvelles mesures gouvernementales, en accord avec les changements annoncés, qui rencontrent une opposition de plus en plus ouverte.

Contestataire encore à la fois sur les plans politiques et sportifs avec l'organisation des Jeux Olympiques en Chine qui fait débat compte tenu des événements qui secouent le Tibet.

Contestataire mais…

Certains diront que tout ceci est affaire de gros sous et nul ne peut le nier. 400 000 euros de deniers publics dilapidés pour le fiasco du défilé de la flamme olympique à Paris alors que les retraités, par exemple, se voient accorder royalement des miettes pour améliorer leur ordinaire… Où est l'erreur ?

Sans doute en va-t-il de l'intérêt économique qui, malgré les protestations, supplante les intérêts humains au point de voir "Les Droits de l'Homme" bafoués même si, ne nous leurrons pas, ils le sont aussi dans les pays qui s'en déclarent les plus ardents défenseurs.

Contestataire donc avec, sur ces différents sujets, des avis divergents ou partagés au sein desquels les gens de culture me semblent bien… silencieux. N'ont-ils aucun avis sur ces questions ? Je ne le crois pas mais, étrangement, ils ne s'en mêlent pas ou bien est-il fait en sorte que leurs voix ne soient pas entendues…

Point n'est besoin de censurer ! La culture est malade au point que certains seraient prompts à hâter la fin de son agonie. Pas question ici de création mais plus prosaïquement de diffusion et surtout, de diffusion de masse, autrement dit populaire. La culture se débat dans d'inextricables problèmes de droit, droits d'auteur notamment, qui ne sont jamais évoqués par les médias comme si tous les artistes étaient des nantis… privilégiés.

 

Ce point me paraît pourtant important et même vital pour la société de demain. Certes, il concerne seulement une frange minoritaire de la population active. Certains me feront également remarquer que les salles de spectacles sont pleines quel que soit le prix des places et que par conséquent, les artistes sont censés bien gagner leur vie.

Toutefois, auteur moi-même, permettez que je me focalise sur cette activité sans laquelle aucun spectacle ne pourrait naître, quelle que soit la forme ou la technique utilisée (cinéma, musique, théâtre, danse, peinture ou livre)

A ce propos, le numéro 31 paru en mars de "La Lettre" de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia) est révélatrice du malaise au travers de deux articles :

"Complémentarités"  signé" par Guy SELINGMANN reprend une réflexion… malheureuse (?) du Président de la République, mais l'est-elle vraiment, qui a par deux fois affirmé :

"La religion est complémentaire de la laïcité"

On sait l'attachement que semble porter le Président à la religion catholique aussi cette conviction affichée a-t-elle de quoi inquiéter. Pourquoi ? Parce qu'elle me semble être dans l'avenir une menace pour la pluralité de la culture et au-delà, de la liberté d'expression qui nous est chère.

Ne faudra-t-il pas bientôt caresser les autorités dans le sens du poil pour pouvoir créer ou même simplement s'exprimer publiquement ? Cela signifierait-il à terme que tous ceux n'appartenant pas à un certain mouvement idéologique et/ou politique et n'épousant pas une certaine religion risquent de se voir interdits non pas de créer mais d'être diffusés et ainsi privés de leurs moyens de subsistance ? Ne reviendrait-on pas vers une religion d'Etat ou… un état religieux ? Ne s'établit-il pas de manière insidieuse un état d'esprit totalitaire s'efforçant de copier la politique chinoise ?

- Philippe PILARD, pour sa part et selon ce que j'ai compris de son article, "Publicité, télévision et Service Public", après son analyse de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques de télévision, pose la question suivante, je cite :

"L'idée qu'une télévision véritablement "de service public" puisse offrir des programmes pas idiots pour des spectateurs pas idiots, est-elle en France définitivement obsolète ? La "berlusconisation" est-elle déjà si avancée qu'on ne puisse plus y faire obstacle ?"

Autrement dit, les autorités au plus haut niveau et peut-être dans le but de mettre fin à toute velléité de contestation, ne sont-elles pas en train de museler économiquement les auteurs tout en prenant le public pour… un con ? Veut-on ainsi confirmer l'œuvre de démolition entreprise en commençant par l'éducation, en continuant par un ministère de la culture fantôme et en réduisant les crédits qui lui sont alloués de sorte que les subventions diminuent dans tous les secteurs au point que les associations culturelles ou les structures publiques, MJC - Centres - -Culturels - Médiathèques et autres, ne sont plus en capacité de fonctionner correctement. Au point également que lors des discussions menées par les politiques tant sur le plan européen qu'international concernant les droits d'auteur et le droit moral, les délégations gouvernementales ne comprennent aucun représentant des principaux intéressés pour lesquels les décisions sont prises sans concertation préalable.

- Qu'importe leur avis pourvu qu'il puisse être fait de l'argent sur leur dos et de toutes façons, ils ne comprennent rien à leurs intérêts…

Doivent se dire ceux qui sont censés nous représenter mais ils ne connaissent rien à nos problèmes et se formalisent peu des aspirations du public. Pouvons-nous dès lors admettre que soit poursuivi cet incessant nivellement par le bas sous prétexte d'intérêts économiques majeurs ?

Autant de questions que je pose et auxquelles j'attends de vous en me permettant de vous interpeller, que vous y répondiez comme vous l'avez déjà fait à mes précédents propos. Je vous remercie d'ailleurs de m'avoir accordé un peu de votre temps et de votre attention tant et si bien que je souhaite vos réactions.

En effet, malgré un calme faussement apparent, bien des situations s'avèrent urgentes à résoudre et si nous ne faisons rien maintenant, il sera bientôt trop tard.

N'oubliez pas ! Dans quelques semaines seront fêtés les quarante ans des événements survenus en Mai 1968 sur lesquels je reviendrai le moment venu et rappelez-vous, les visages d'une société ne changent que si les peuples ont la volonté d'obliger les politiques à les modifier !

Aussonne, le 8 Avril 2008

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commentaires

M
La pièce montée à l'époque s'intitulait Pique-nique en campagne. Si vous ne connaissez pas, je résumerai dans un prochain message mais sachez que l'événement se passe en temps de guerre.Quant aux autres nouveaux commentaires, nous savons tous que Mai 68 initié par les étudiants a été récupéré par les syndicats qui ont plus ou moins participé à sa désagrégation. C'est du moins ce qui a été prétendu à partir du moment où le mouvement s'est étendu aux classes laborieuses.Aujourd'hui, les syndicats français ont pour certains la volonté d'avancer mais pas de moyens étant donné que leurs principaux dirigeants ont des vues plus politiques que purement syndicales. Il y a aussi les taches des magouilles financières qui nuisent. Il y a en outre un manque cruel d'adhérents ; toujours cette peur du salarié de s'engager par trouille du patron et de perdre l'acquit. Surtout, ne pas se faire remarquer... On préfère râler en silence et voter la catastrophe. Il y a enfin et surtout le manque de pouvoir syndical face au gouvernement qui n'a plus guère de marge de manoeuvre depuis que les grandes décisions ne se prennent plus à Paris mais à Bruxelles.Un nouveau Mai 68 est possible et les conditions sont actuellement réunies mais il faudrait qu'il parte des pays de la zone Europe qui rencontrent fondamentalement les mêmes problèmes. C'est pour le moins utopique...Gilbert MARQIES
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L
Déjà dans les années 78 les syndicats avaient "le cul entre 2 chaises", pour ne pas citer la CGT contre laquelle, cette année-là, j'ai eu maille à partir et qui ont tenté (désespérément) de "m'acheter" pour que "je me la ferme" parce que j'avais voulu dénoncer une grosse magouille médicale... ce que j'ai fait et bien fait ! Parce que dans le monde du travail, comme ailleurs, il y a deux sortes d'individus (à mon humble avis) : ceux qui sont tout à fait bien et... les autres. Et vive la liberté !CP4 Les seules cigarettes que j'ai jamais fumées dans ma vie (dans un grenier avec mes frères).
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P
Est-il nécessaire de rappeler que les directions syndicales ont cette fois encore largement contribué à la liquidation d'un mouvement qui s'était organisé sur des bases autogestionnaires ...
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D
Les gens ont peur de perdre le peu qu'ils ont, oui, on pouvait dire merde en 68 à son patron et trouver du boulot le lendemain, on ne le peut plus aujourd'hui, d'accord. Mai 68 a été possible grâce aux syndicats qui étaient derrière, ce que je voulais dire dans mon mail précédent complètement confus c'est que les syndicats sont achetés jusqu'à la moelle aujourd'huin et que comme il n'y en a plus il ne peut plus y avoir de mouvement soutenu et engagé et mené vers les politiques comme en 68. Quelle était la pièce que vous aviez montée d'Obaldia ? RC5
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M
Bonsoir à tous !Je viens de prendre connaissance de vos nouveaux commentaires et je constate que mon propos vous interpelle. Cependant, Désirée, je ne crois pas que ce soit Internet qui annihile l'action. Rien n'empêche d'écrire mais aussi d'avoir une action concrète pour défendre ceci ou cela. Crois-tu que je me contente d'écrire ces chroniques et qu'une fois le point apposé, je me dise avoir fait mon devoir, sinon mon boulot, et que je passe à autre chose ? Tu as 47 ans, écris-tu. J'en ai 60 et depuis l'âge de 15 ans je milite ou je me bats. J'ai commencé contre le régime franquiste en Espagne et ça m'a valu quinze ans d'interdiction de séjour durant lesquels je n'ai pas pu aller voir ma famille de l'autre côté des Pyrénées. Puis en 68, justement, j'ai fini en tôle parce que metteur en scène de théâtre, j'avais monté une pièce de O'Baldia jugée subversive à l'époque par les autorités. Comme nous avons refusé d'obtempérer, les responsables se sont retrouvés au trou. Depuis, je n'ai jamais cessé mon combat social et pas uniquement avec la plume. Internet n'est au fond qu'un support supplémentaire comme l'ont été à une certaine époque les radios, la télé, les journaux ou les bouquins. Ce sont des moyens de cristalliser les idées pour faire avancer les choses mais ce n'est pas suffisant parce qu'il faut aussi agir concrètement.Et oui, Steph, les grands esprits se rencontrent, dit-on même si je n'ai pas la prétention d'en être un. Quoiqu'il en soit, c'est finalement peut-être Corinne qui a raison lorsqu'elle écrit que les gens sont timorés parce qu'ils craignent de perdre le peu qu'ils ont mais il faudrait dépasser cette trouille parce que ce n'est que comme ça que la société pourra avancer, pas en restant derrière les écrans à se morfondre et à déverser de la bile. Alors oui, Mai 68 fut apparemment un échec mais ce ne fut en réalité qu'une bataille perdue, pas la guerre qui a perduré différemment et a donné beaucoup plus de résultats que ceux immédiats que vous recensez. Nous en reparlerons...Gilbert MARQUES
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