Business oblige !
Danielle Akakpo
Mais pourquoi tous ces journaux me traînent-ils dans la boue ? Moi, quand je me regarde dans mon miroir le matin, je me félicite d’avoir pris la bonne décision l’autre jour. Ils y pensent à ma carrière tous ceux qui me jettent la pierre ?
Poser pour des photos, apparaître dans des séries télé, tout ça exige que je prenne grand soin de ma forme physique, et de mon moral, ça va sans dire. Précisément, c’était pour mon moral que j’avais entrepris cette foutue démarche qui me vaut tant de critiques.
Un gros coup de vague à l’âme, un soir, un immense besoin de compagnie. J’avais déjà tout essayé. Un chien d’abord. Tout le monde se retournait sur nous quand, vêtue de noir de la tête aux pieds, lunettes fumées sur le nez, je promenais Zaza, un superbe bichon blanc comme neige. Seulement, au bout de quelques jours, il m’a pompé l’air Zaza : je détestais qu’il me lèche les doigts de pied ou me colle sa truffe dans le cou. Et le sortir régulièrement, ça ne m’a amusée qu’un temps. J’ai pris ma bagnole et je suis allée l’abandonner sur une aire d’autoroute.
Je me suis rabattue sur Minouche, une petite chatte tigrée. Pas embêtante du tout. Il suffisait que je lui laisse du lait à volonté, elle se débrouillait toute seule. Et j’aimais bien qu’elle vienne s’installer le soir sur mon lit. Jusqu’à ce qu’elle dépose sa crotte sur mon oreiller, la dégoutante ! Une fois endormie avec un de mes somnifères, une petite marche arrière dans mon garage, et hop, à la poubelle Minouche la cochonne !
Quant au canari, cui cui cui quand on rentre à la maison, ça va une fois, deux fois, mais à la longue, ça use et puis faut nettoyer la cage. Sinon, ce que ça pue ces petites bêtes ! J’ai ouvert la cage et surtout la fenêtre en grand. Envolé le canari, sans doute boulotté par un chat du quartier.
Un homme ? Oui, je vous entends : « Pourquoi pas un homme ? » J’ai fait l’expérience, plus d’une fois, croyez-moi. J’ai vite compris. Soit ils s’attachaient trop, commençaient à parler vie de couple, mariage : pas de ça, pour moi. Y a qu’à voir mes copines Sarah et Gwendo : depuis la robe blanche, c’est popote, cellulite et bourrelets. Mais surtout y a les autres, les pires, ceux qui ne sont attirés que par ma beauté parce ça en jette de coucher avec une star. D’ailleurs, Léo, le dernier en date s’est vendu : chaque fois qu’on avait fait l’amour et que je tentais d’avoir une conversation avec lui, il me mettait un doigt sur la bouche en murmurant : « Sois belle et tais-toi ! »Limpide, non ?
C’est alors que j’ai repensé à mes visites à l’orphelinat de la ville : j’ai bon cœur et dans mon job, ça compte aussi. J’ai donc repensé à Juju, un ange blond de trois ans qui me rappelait mon petit frère et avec qui j’avais bien sympathisé. Un enfant tout prêt, qui ne m’aurait pas déformée pendant neuf mois et qui gazouillerait à la maison. Les religieuses ont bien voulu me le confier pour un week-end, pour qu’on fasse plus ample connaissance. Quelle belle soirée ! Un vrai petit dîner d’amoureux, plein de guili-guili et dodo après une berceuse. Seulement à partir de minuit, Juju s’est mis à hurler comme un perdu, je n’ai pas pu fermer l’œil. Le lendemain matin, vous auriez vu ma tête : teint vert, cernes noirs qui me descendaient jusqu’aux pommettes. Vous n’auriez pas fait comme moi, vous ? Vous n’auriez pas ramené ce sale braillard chez les nonnes ?
Brève : 17 juillet 2014
Après avoir adopté un enfant, elle le rapporte à l'orphelinat. Monica C., une starlette roumaine, avait pourtant annoncé son intention d'adopter l'enfant dans les médias.