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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 16:00

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Gilbert Marquès publie en ce mois de mars son premier vrai recueil de nouvelles. C’est également son quatorzième livre. " Instantanés " recueil de nouvelles et de textes courts Éditions du Masque d’Or, Scribo diffusion, 18 rue des 43 Tirailleurs 58500 Clamecy (18,50€ franco de port.)

Les vingt textes composant ce recueil appartiennent-ils réellement au genre littéraire de la nouvelle ? Les puristes épris de doctes définitions répondront par l’affirmative pour certains, non pour d’autres. Le plus important pour le lecteur ne réside-t-il toutefois pas dans ce chacun d’eux raconte plutôt que dans une vaine querelle d’experts ?

A ce propos, le titre de ce recueil paraît suffisamment explicite. Il s'inspire d’un terme technique attaché à la photographie qui fige, comme savait si bien les capter DOISNEAU, des instants fugaces de vie. Ici et faute d’image, ces courtes tranches d’existence, ces portraits, ces réflexions ont été fixés par l’écriture. Qu’ils soient imaginaires ou le fruit de faits divers, d’expériences vécues, ne revêt pas une grande importance. Plus essentiel semble le prisme au travers duquel l'auteur les a déformés par ses propres visions et par la perception qu’en aura chaque lecteur.

D'où l’illustration de couverture, cette femme à la position statufiée dans le marbre, qui n’a pas été choisie par hasard. Elle symbolise à la fois l’immobilisme et l’infini que, finalement, la photographie, la sculpture et l’écriture immortalisent dans une œuvre achevée.

 

Gilbert MARQUÈS, Toulousain fidèle à cette ville qui a vu éclore l'écrivain qu'il est devenu, n'oublie pas son passé théâtral et musical. Ce n'est pourtant pas à ces formes d'art qu'il consacre ce nouvel ouvrage. Il rend en effet hommage à la photographie et après avoir successivement publié des romans, un essai, un récit poétique, il nous propose un premier recueil de nouvelles, genre littéraire à part entière qui ne lui est pas étranger puisqu'il publie régulièrement des textes en revues et sur différents sites Internet.

 

Le sein révolutionnaire

Nouvelle tirée du recueil Instantanés

 

 

En ce soir de 14 juillet révolutionnaire où la lune, éreintée, pleure des larmes de feu d’artifice, mon regard indiscret a volé l’image d’un sein par l’échancrure d’une emmanchure trop large.

Vision fugitive ô combien réconfortante !

Il ne s’agissait pas d’un de ces seins pigeonnants à la chair abondante, douce peut-être à sa maturité mais irrémédiablement avachi par la vieillesse. Il n’était pas davantage bouton de culotte posé comme par mégarde sur une poitrine gracile et dont l’attrait, s’il ne se fane pas sous les caresses du temps, déshonore une femme de n’être pas… un homme. Il n’était pas enfin frileux et pudibond, prêt à se cacher dès qu’un œil le frôlait ou encore exhibitionniste, se livrant allègrement à la concupiscence.

Il était un sein, simplement, pourtant ni ordinaire ni banal. Plutôt petit, certes, mais joliment pommé. Sans aucun doute ferme dans sa texture, il pointait fièrement vers l’avant son mamelon rosé. Rien d’agressif cependant ! Il paraissait même plutôt discret, de cette discrétion mutine le faisant immanquablement remarquer parce qu’il n’avait besoin d’aucun artifice pour le soutenir. Elégant, il se montrait sans honte ni ostentation.

De prudes esprits chagrins hausseront les épaules à la lecture de cette historiette, pensant qu’il n’y a pas de quoi faire un plat pour un sein. Elément naturel du corps féminin, il n’est après tout qu’une vulgaire mamelle.

J’en conviens mais qu’il me soit toutefois permis de concevoir qu’il en est d’agréables à regarder alors que d’autres qui s’exposent, feraient mieux de se dissimuler.

Les seins ne sont-ils pas, au-delà de leurs fonctions utilitaires, un des attraits de la femme, ajoutant à son charme sinon à sa beauté ? Affirmer le contraire serait refuser le plaisir auquel ils participent.

Ceux-là ou, plus exactement, celui-là puisque je n’en vis qu’un, encore que je ne doutai pas un instant que son jumeau possédât les mêmes qualités, entraient dans cette catégorie des seins admirables.

Bien que de proportions modestes, il possédait sans conteste quelque chose de… sain. Il respirait la santé, heureux de vivre, un peu moqueur, un brin provocateur, bourré de coquetterie en somme.

En bref, je le qualifiais instantanément de rieur.

Candide, il ne se montrait pas vraiment tout en souhaitant certainement qu’on le vit.

Quoi de plus libertaire au fond qu’un sein canaille en ce soir de fête et surtout, quoi de plus pacifiquement désirable ?

Selon l’histoire, les hommes qui, en 1789, firent la révolution, se qualifièrent de "Sans Culottes". Elle ne dit pas si les femmes de l’époque avaient la poitrine nue pour défier l’ordre établi encore que Marianne est souvent représentée trônant sur les barricades, le bras haut levé tenant un étendard et un sein dévêtu. Si tel était le cas, ce que pour ma part j’ignore, ce sein ingénu entrevu serait le digne descendant des poitrines révolutionnaires en même temps que le plus gracieux symbole d’une liberté douce à vivre dans la paix… républicaine.

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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 17:06

Jacquet image

Marie-Thérèse Jacquet est une femme du Nord, voyageuse, artiste peintre, nouvelliste, animatrice d’atelier d’écriture, comédienne à l’occasion, elle participe à la vie de Calipso depuis sa création, elle vient de publier Allumez le four et autres récits chez Claude Alzieu, éditeur dauphinois. 128 pages, 15€
Commande à
admin@editions-alzieu.com


Si elle sait peindre dans les couleurs subtiles de l’aquarelle, son écriture emprunte à toutes les ressources des palettes de la mémoire. Du fantastique vient enchanter une réalité âpre qui recèle aussi bien des tendresses. Sous le sourire et les mots choisis qui pétillent, elle exprime la fidélité à ses
origines, quand le four s’ouvrait pour offrir le pain essentiel, chaud et parfumé. Elle nous fait voyager du Marais Poitevin à l’Île de Batz en passant par la Mauritanie…
Une documentation précise permet de tracer des univers variés avec une nature très présente où les herbes révèlent leurs mystères et les oiseaux leurs rêves. Humour, sensualité, plaisir de l’écriture. Et quand elle reçoit un certain monsieur Dieu, elle hésite à lui faire écouter la symphonie Liturgique d’Arthur Honegger qui serait trop marquée. Aucune faute de goût. (Guy Chassigneux)

 

 
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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 09:19

Balançoires image
Peut-on croire que tout va bien quand rien ne va mal ? C’est la question qui est posée dès la première page par Marie-France Versailles dans son recueil de six nouvelles. Des nouvelles qui n’en sont pas vraiment puisque l’auteure nous présente une sorte de jeu de famille où chacun tour à tour en raconte un épisode. On y éprouve la précarité de ses sentiments et la peur de voir ses rêves s’altérer dans une quotidienneté trop rassurante. On le sait, le bonheur à tout prix et à toute épreuve n’a de réalité que dans le fantasme. On a beau manquer de rien, avoir tout ce qu’il faut, il y a toujours une inadéquation du désir à son objet. A la question " qu’est-ce qui te manque " les uns et les autres se murent dans un silence habité par d’autres questions qui ont toutes à voir avec le doute, la déchirure, le ressentiment. Epouses et maris, pères, mères et enfants sont à fleur de peau, accaparés par une attente qui ne parvient pas à s’énoncer. On entend bien que ce qui se joue en premier lieu c’est cette volonté de ne pas souffrir du manque de l’autre. Marie-France Versailles nous fait toucher au plus près ce sentiment de vide quand il y a tout. Elle fait le constat d’un fonctionnement psychique en circuit fermé où l’autre ne serait là qu’en apparence ou bien pris par sa propre solitude. Mais à aucun moment elle n’abandonne ses personnages dans la nuit, elle prend soin de les accompagner, toujours avec pudeur, dans leur tentative de parvenir à une belle plénitude, comme de les soutenir dans leur renoncement. Car une fois dite sa solitude, son besoin vital de sentir, d’entendre, de toucher en permanence ceux qui lui sont chers, chacun retrouve un peu de couleurs. Mais ce n’est qu’à partir du moment où la douleur provoquée par la menace de la perte ne résonne plus démesurément et que s’installe un espace entre sa propre intimité et l’intimité possible des autres que le souffle de la vie peut enfin s’exprimer. Et on peut quitter ce beau livre heureux, en se disant tant pis si les balançoires ne montent jamais jusqu’au ciel.

 

A l’ombre de la fête de Marie-France Versailles aux éditions Quadrature, 128 pages, 16€

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 09:51
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Couic

par Ysiad

 


Nous sommes en 1999, quelques mois avant ce que l’on avait coutume d’appeler le " bug de l’an 2000 ".

 

J’ai onze ans de moins qu’aujourd’hui, toutes mes dents, et seulement quelques cheveux blancs. Ma fille a trois ans, mon fils six. Ils vont à l’école élémentaire de la rue Vauvenargues, Paris 18ème, ils ont cours le samedi matin et tous les samedis, je tremble. Je vais les chercher à midi à l’école et pour cela, il me faut affronter les insultes d’une bande de jeunes qui a pris l’habitude de stagner dans le quartier et d’emmerder les passants. A l’époque, il y a des bancs devant l’immeuble entre trois platanes, qui sont occupés par les cloches du quartier, selon les saisons et les jours de la semaine. Les jeunes et eux ont établi un modus vivendi, personne ne se parle, les clodos cuvent sur les bancs, les jeunes discutent entre eux, surtout le vendredi soir où ça deale sec sous les fenêtres. En ouvrant la fenêtre, j’entends le prix des transactions, et j’ai la trouille. Aux beaux jours, les jeunes sont de plus en plus nombreux.

 

Printemps 99. Nous sommes samedi, et il est midi moins dix. Je sors de l’immeuble comme une fusée, sachant que le chef de bande, un grand type au faciès de Mike Tyson va me faire le geste de me couper la gorge. C’est un jeu réglé au millimètre, il sait que j’ai la trouille, et il s’amuse de ma peur. A peine suis-je dans la rue que le voilà qui s’avance vers moi, cherchant à me barrer le passage. Alors la poule, on va chercher les mômes ? J’ai horreur de me faire traiter de poule mais j’ai une trouille bleue de son mètre quatre-vingt-dix, donc je pique du nez sur mes chaussures et je marche sans répondre. Je dois avoir des oreilles toutes rouges car il continue à m’asticoter. Hé ! La poule ! Grouille-toi, tu vas être en retard ! Je voudrais bien lui casser la gueule mais quand on fait un mètre cinquante-sept et qu’on ne sait pas boxer, on remballe sa fierté et on reste à sa place.

 

La sonnerie a retenti, les mères se pressent aux portes qui s’ouvrent sur une armée de cartables. Un enfant à chaque main, je prends le chemin du retour, anticipant déjà le sourire plein de morgue de celui que j’ai surnommé Mike Tyson. Sur le chemin, Léo et Julie se montrent leurs cartes Pokemon – c’est la mode à l’époque – Pikachu se mêle à nos pas, et Bulbizar et Dracofeu et Sacdeneu et Grotadmorv et toutes les cartes rares.

 

A cinquante mètres de l’immeuble, j’aperçois Mike Tyson avec sa casquette à la retourne et ses grosses baskets qui lui font des pieds de cosmonaute. Mon cœur bat à cent à l’heure. Il se retourne et nous voit. Un drôle de sourire à la bouche, il s’avance vers Léo et quand il est tout près, il fait le geste de lui couper la gorge. Je ne sais plus pourquoi Julie m’échappe ; peut-être, sous le coup de la colère, ai-je relâché mon étreinte ; toujours est-il que la voilà qui se plante devant Mike Tyson, lève bien haut son minois et se passe l’index sur la gorge en regardant le malabar droit dans les yeux. Silence. Stupeur. Horreur. Un gros ange lourd passe au-dessus de nos têtes. Et Mike Tyson de rire. Le voilà qui se marre. J’attrape Julie par la main et nous nous engouffrons dans l’immeuble. Ne refais jamais ce geste, lui dis-je dans l’ascenseur. Elle me regarde d’un air de reproche. Il a fait " couic " à Léo alors je lui ai fait " couic ".

 

Le samedi suivant, Mike Tyson est là, avec ses potes qui glandent. Il ne me fait aucune remarque, aucun geste déplacé, il ne me traite pas de poule ; il me lance un petit sourire de connivence, comme pour me dire que j’ai une bath de môme.

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 17:32
Envoyee-speciale-image.jpg

 

Dans le cadre d’une enquête réalisée par le Centre social de mon quartier sur le thème " Ce que vous voyez de votre fenêtre ", j’ai été amenée à éplucher les réflexions jetées sur le papier par un adolescent résidant dans un secteur, disons, " un peu laissé à l’abandon ! " Elles m’ont paru significatives du malaise de bien des jeunes d’aujourd’hui et m’ont inspiré le petit sketch qui suit.

 

De ma fenêtre

par Danielle Akakpo



Passe un adolescent, l’air un peu désœuvré, fanfaron. Je lui explique le pourquoi de mon enquête et lui demande s’il veut bien m’accorder quelques instants.

 

L’ado, avec un rire goguenard :

- Moi, de ma fenêtre, à partir de 22h, je vois des gens qui se battent, des…

Moi, étonnée, l’interrompant : 

- C’est vrai ? Pas tous les soirs quand même ?

- Ben non, mais ça arrive souvent, parce que dans le coin, ça vole les vélos si on les laisse traîner dehors.

- Ah ! donc tu aperçois les voleurs…

L’ado s’énerve : 

- Si je vous le dis… et puis, c’est pas la peine de m’interviewer si vous me coupez tout le temps la parole.

- Désolée ! Je t’en prie, continue.

- Y a aussi des mecs qui se tapent dessus, grave ! Et d’autres qui mettent de l’essence sur les voitures.

Moi, bêtement : 

- Qui brûlent les voitures ?

Lui, avec un air de se payer ma tête :

- C’est bien ce que j’ai dit, faites pas semblant de pas comprendre ! Bon allez, je termine avec le meilleur, c’est souvent que, de ma fenêtre, j’aperçois des policiers en train d’arrêter des gens.

- C’est un peu normal, s’ils ont fait toutes les sottises que tu viens d’énumérer. Tu es sûr que ce n’est pas à la télévision que se passent la plupart de ces vilaines choses ?

(Ce que je suis bête, je l’ai de nouveau mis de mauvaise humeur !)

- Traitez-moi de menteur pendant que vous y êtes ! Vous me demandez ce que je vois, je vous dis ce que je vois. Point barre ! Et si vous croyez que ça me fait plaisir…

(Je suis sûre qu’une lueur de regret, de tristesse, a percé dans son regard. À moi de jouer.)

- Précisément, qu’est-ce que tu aurais plaisir à voir ?

Il tortille la visière de sa casquette de toile, hésite puis se lance.

- Je sais pas, moi. Par exemple, si, de ma fenêtre, avant d’aller dormir, je pouvais jeter un œil sur le terrain de foot, la piscine, le jardin où j’aurais passé un bon moment avec les copains dans la journée, où j’aurais envie d’aller taper la discute le lendemain… Si je pouvais regarder clignoter l’enseigne d’une pizzeria, apercevoir les clients en train de rigoler en buvant un verre dans un petit bar. Voir de la vie, quoi ! Mais tout ça, y a pas, près de chez moi.

- J’ai compris, c’est galère, surtout le soir dans ton quartier. Mais le matin, c’est sûrement un peu plus gai ?

Rire désabusé de l’ado.

- Le matin, je vois passer la racaille… et je la rejoins.

- La racaille ?

- C’est mes potes, en survêt et baskets qui partent au bahut. Les braves gens nous appellent comme ça, alors on fait pareil !

 

Il avait beau jouer au dur, j’ai senti le désenchantement dans les propos de l’ado et je me suis dit que ce serait vraiment chouette de contribuer à répondre à ses attentes. Un terrain de sport ou un jardin avec des bancs ? Même pas besoin qu’il l’aperçoive de sa fenêtre… Juste qu’il sache qu’il est là, tout près, dans son quartier. Un rêve ?

 

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 19:10
Histoire d'eau 22 image


La mer est parfois une vrai souffrance. Quand elle commence à perdre ses couleurs et qu’elle n’est plus qu’un jardin de mauvaises ombres, elle devient intouchable. En quelques minutes elle peut éclater en sanglots et la plus paisible des embarcations être dévorée par les vagues. Quant à la terre, elle est capable de toutes les fureurs, de tous les déchirements et sacrifices. Il suffit au marin d’accoster et respirer un moment l’air de l’humanité pour comprendre qu’il n’est pas sur la route du paradis. Et pourtant…


Quand la vie a du goût

par Suzanne Alvarez

 

 

Quand nous vîmes l’estafette de la gendarmerie se garer le long du port, nous eûmes le sentiment, avant même de voir les képis en ressortir, que quelque chose de grave s’était passé. Quelque chose de grave dont aurait été victime notre ami Marcus.

 


St Barthélémy*. Dans la rade de Gustavia. Assise à côté de moi, dans une attitude de patient accablement, le regard perdu au fond de son bob, la moussaillonne attendait sur les marches de l’un des quais, que son père vienne nous chercher avec l’annexe. Cela faisait un bon bout de temps qu’on essayait de joindre Marc avec la VHF portative. Il était quand même presque 22 heures :

- C’est quand il veut ! fis-je.

- A tous les coups, il a dû s’endormir ! répondit Carole avec un sourire chagrin.

Nous avions failli le manquer. Il s’apprêtait à sauter dans son dinghy pour rejoindre son petit voilier, le Let’s go. Heureusement, lui, nous avait vues.

Le visage défiguré par l’empathie, il s’était adressé à nous dans un français teinté d’un fort accent anglais :

- Je peux vous déposer quelque part ?… Moi, je suis tout au fond !

On ne s’était pas fait prier.

- Pythagore ! Il vous ressemble ce bateau… ! avait-il proféré lentement en arrivant chez nous, et histoire de dire quelque chose.

Le lendemain, il était à notre bord. Pour le remercier, le Capitaine du Pythagore l’avait invité à déjeuner. Immédiatement, nous fûmes séduits par ce mélange d’exubérance et de simplicité de ce jeune homme à la chevelure flamboyante et hirsute, et qui subsistait grâce à quelques cours d’anglais qu’il dispensait à droite et à gauche. Marcus était un garçon sans beauté, sans prestige, mais un brave garçon qui avait l’air propre et honnête, avec de rassurantes fossettes en bas des joues. Et puis, surtout, il avait ce regard qui vous donnait l’impression de n’être pas n’importe qui à ses yeux. Mais il n’aimait pas qu’on lui posât des questions trop directes sur sa vie. On sentait bien qu’il masquait ses plaies derrière des sourires et un flot de paroles.

 

Il disparut un temps de l’île, puis un jour, nous le vîmes tenir un petit lolo, une espèce de baraque à sandwiches. Il s’était installé non loin d’une autre sandwicherie qui marchait bien jusqu’avant son arrivée, et dont il avait débauché la vendeuse qui se plaignait d’être mal payée, et toute la clientèle, par la même occasion. Marcus cassait les prix en faisant le sandwich, " au pâté uniquement ", comme le précisait l’affichette, à deux francs cinquante au lieu de trois et d’une taille qui passait du simple au double.

- Qu’est-ce qu’il est bon vot’pâté ! Moi, je ne viens plus que chez vous !

Carole qui revenait de la bibliothèque, avait entendu ces paroles qui provenaient de la file impressionnante qui stationnait devant le nouveau stand à sandwiches. Intriguée, elle s’était approchée et avait fait la queue comme tout le monde. Il était presque midi et elle pensait qu’un petit encas avant de revenir au port l’aiderait à tenir le coup.

-Ah ! bon… merci ! avait renchéri en promenant ses regards alentour, comme s’il s’agissait d’un détail sans importance, celui qui se tenait derrière le comptoir ; et alors que son visage s’empourprait de façon incompréhensible, tandis que la fille qui s’activait à ses côtés à servir les clients, étouffait un petit rire. C’est à ce moment-là que la moussaillonne reconnut notre ami Marcus.

En remontant sur le Pythagore ce jour-là, elle avait annoncé triomphante :

- J’ai jamais mangé de sandwich au pâté aussi extra… Il assure, le Marcus !

 

 

La nouvelle de son interpellation nous frappa comme une énorme bévue. Le patron de l’hypermarché avait prévenu la gendarmerie.

-Ca finira mal tout ça, c’est moi qui vous le dis ! a dit le gros gendarme en roulant sa moustache avec l’air important du type qui réfléchit, tout en fourrant dans un grand sac plastique le stock de foie gras que Marcus avait piqué avec sa vendeuse dans le magasin du Béké, et où ils avaient pris l’habitude de se réapprovisionner à moindre frais.

Marcus n’a pas répondu. Les phrases qui lui sont venues, il les a gardées pour lui. Cela n’aurait servi à rien de discuter. Il sait qu’il a tort. Comment expliquer que rien de ce qui se passe ici, dans cette île, avec tous ces gros friqués, cette justice pourrie, ces commerçants qui n’en finissent plus d’augmenter leurs prix, ne l’incite à être honnête ? Que dire à un homme jeune, qui persiste à croire qu’on peut être heureux dans cette société, alors qu’après de longues années d’études et un bon diplôme d’ingénieur en poche, on ne lui donnera jamais de boulot et qu’un jour, par dégoût, il finira peut-être comme certains ici, comme une cloche ?

 

Voilà, comme d’habitude, on en restera là. Ils ont fouillé Let’s Go de fond en comble. Ils ont confisqué toutes les boîtes de foie gras de canard Luxe 400g. Marcus les a raccompagnés jusqu’au quai avec son annexe. Ils l’ont quitté sur un vague signe de la main, un au revoir ironique. Ce soir, entre eux, ils se goinfreront aux frais de la princesse.

 Quand l’estafette de la gendarmerie s’est éloignée, Marcus a craché dans l’eau… dans leur direction.

 

 

*Saint-Barthélemy. Île des Antilles françaises anciennement rattachée à la Guadeloupe, mais devenue collectivité d’Outre-mer depuis le 15 juillet 2007. Elle est située à environ 230 km au nord-ouest de la Guadeloupe continentale et à 25 km au sud-est de Saint-Martin, et a pour capitale Gustavia.

*Békés : en Guadeloupe, créoles blancs provenant majoritairement de Métropole, après l’abolition de l’esclavage en 1848.



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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 16:46

neda2
En hommage à Neda Agha Soltan, assassinée à Téhéran, le 20 juin 2009 au cours d'une des manifestations de protestation qui ont suivi l'élection présidentielle contestée iranienne de 2009.

 



                                                                        Reste Neda

 par Mandana, poète iranienne

 

Reste
Les oiseaux qui chantent

Les forêts habillées de vert

Les bourgeons qui embaument … tout chante

L’arrivée du printemps

Ne pars pas, Neda

 

Reste Neda

Chante avec ton peuple dans les rues

Dis : Longue Vie !

Mettons fin à la mort !

Dis que le soleil brille

Dis que le froid s’en aille

Ne t’en vas pas, Neda

 

Reste, Neda

Regarde cette ville

Regarde les fondations ébranlées des palais

La hauteur des érables de Téhéran

Eux nous traitent de poussière, alors

Empoussiérons l’air de l’oppresseur

Ne t’en vas pas, Neda

 

N’aie pas peur

Ça n’est pas le bruit des balles mais celui du crépitement d’un feu d’artifice, des flammèches naissantes.

 

Nous sommes embrasés, notre feu nourri de coups de matraques, de coups de fusils. Nous flambons. Ne t’en vas pas Neda

 

Oh Neda, Neda !

Respire
Lève-toi
Brise ta cage

Échappe aux barreaux

Ne pars pas, Neda

 

Ne pars pas Neda

Attends
Vois au-delà des nuages

Dame Soleil apparaît

Elle te ressemble

Ne pars pas Neda

Ô mon Dieu, ne pars pas.

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 14:59

Miroir imageMême s'il est encore difficile de l'imaginer, le printemps approche et Ysiad nous propose d’ores et déjà une séance de remise en forme.

 

Méchant miroir

 

Espèce de salaud, va. T’as pas honte de me renvoyer une image pareille ? Lamentable. Comment veux tu que je m’en sorte après ! Pour une fois qu’on était un peu tranquilles, toi et moi… On aurait pu faire copain-copain, pendant que Madame regardait son film avec l’aut’ plouc… Mais non. Tu es intraitable. Je ne suis pas gros ! Je possède un léger pneu ceinturant agréablement mon abdomen, c’est tout. Et après ? J’ai l’âge que j’ai, tu me le dis assez ! Soixante-cinq ans. Bajoues, double menton, calvitie, paupières à la Droopy… Ça tombe, ça pend, c’est flasque, ça se barre… Les joies de l’âge. Et à la différence de Schwarzenegger, le body building n’entre pas dans mes priorités. Tu sais combien je le déteste, ce type. Un fléau. Germaine me gonfle à un point ! Tous les jours, le même refrain Comme il est beau, Schwarzie ! Ça, c’est un homme, un vrai, avec un torse cent pour cent brut de muscles ! Insupportable. Nous nageons en pleine Schwarzimania. Je ne sais pas ce qu’elle lui trouve, il est bourré de défauts ! Je l’ai étudié de près, sur les DVD. Il a les oreilles décollées, et il joue mal. Au début, il se faisait doubler, tellement il était mauvais ! Il s’est recyclé dans la politique, voilà tout, comme d’autres se rachètent une conduite en allant faire la vedette sur les planches après avoir coulé leur entreprise… Et puis n’oublions pas qu’il s’est fait remettre la mâchoire dans l’axe… Tu parles d’une vie ! Une dictature de l’image, oui ! Côté muscles, je m’incline. Il me bat à plate couture. Mais c’est tout à fait normal ! Depuis qu’il joue aux billes, ce type ne pense qu’à ses biceps. Il a des machines à tous les étages de sa villa pour entretenir la mécanique, je l’ai lu dans Coins de rue, Images immondes... Aucun mérite ! Tandis que moi… Le seul sexagénaire à s’élancer la tête la première du haut du plongeoir façon Marc Spitz, c’est Bibi ! D’une seule détente j’y vais, la tête en avant ! Et sans bouée ! Et sans me boucher le nez ! Eh ouais ! Qu’est ce que tu crois ! Ensuite, je crawle, d’une traite, sans m’arrêter. Trente longueurs de bassin, sinon rien ! Alors fiche moi la paix avec ce petit bourrelet qui fait mon charme. Cesse de me renvoyer dans la tronche ce reflet catas…

 

- Eugèèèèène ! Qu’est ce que tu fiches ? Ouuuuuvre !

- …

- Sors de là immédiatement ! C’est mon tour !

- Ton tour !... On se croirait au manège !

- Ce que tu peux être agaçant ! Faut-il que je te le chante ? La salle de bains n’est PAS un lieu de méditation !

 

… Quelle enquiquineuse. Je vais la faire poireauter. Elle m’a agressé ce matin avec son : "Tu as pris du poids ces temps-ci ". Tu parles d’une entrée en matière ! Et tout cela parce que j’ai commis le sacrilège d’agrémenter ma biscotte de régime d’une lichette de Nutella… Madame s’est excitée. Madame s’excite beaucoup ces temps-ci. Toujours à l’affût d’une vexation… Sans compter qu’il a fallu te fixer au mur. Dans la série des instruments de torture, on avait déjà le vélo, les poids, le pèse-personne… Et bien sûr, comme ça ne suffisait pas, Madame a voulu que je lui pose sa glace… Elle aussi en perd, du temps, dans la salle de bains. J’y ai droit aussi, à mon bilan des dégâts… Bon. Je me suis bien reluqué de face. Abordons le bon profil… Quart de tour gauche… Stooooop. Mouais. Pas terrible. Pas alarmant non plus. Je prétends à une légère avancée abdominale. C’est normal. J’ai commencé à apprécier la bouffe vers l’âge de dix ans, au moment où Scharwie découvrait qu’il avait des biceps. A raison d’une moyenne de dix choucroutes par an, estimation basse, ça nous fait 550 choucroutes arrosées de Riesling dans le bide. Et autant de potée auvergnate. J’ai un faible pour la potée auvergnate. Et pour le confit d’oie. Ah, le confit d’oie, quand il est bien fait... J’en ai l’eau à la b… 

 

- Eugèèèèène ! Vas-tu sortir à la fin ?

- …

- Bon sang mais qu’est ce que tu fiches ?

- Je médite.

- Tu ferais mieux de te peser !

- C’est fait.

- Alors ?

- Je stagne.

- Combien ?

- JE TE DIS QUE JE STAGNE !

 

… Elle me casse les burnes ! Où en étais-je ? Profil droit… Pas terrible. J’ai un peu abusé ces derniers temps. Franchement, compte tenu de tous les plaisirs que je me suis carré dans le buffet, je trouve que je m’en sors bien. Qu’en dit le pèse-personne… Wouaouch. Trois kilos de plus depuis la fin novembre. Si Germaine savait… Tu le sais, toi, miroir, qu’elle ne m’aime plus… Pas le moindre petit soufflé à l’horizon, elle qui les faisait si bien… Allons. Mes abdos maintenant. Une serviette éponge sur la nuque, la boîte de talc pour ne pas glisser, c’est parti. On se concentre, souple sur les coudes, on appuie bien sur les avant-bras, on oublie le fléau de la Californie et une, deux, une, deux… Une, deux… Une… Rrrrrhh. C’est dur. Très dur ! Mon cœur s’emballe. La crise me guette, je le sens. Si ça continue, je vais me retrouver dans la rubrique des faits divers du journal local… Un sexagénaire intrépide a été victime d’un arrêt du cœur dans sa salle de bains. Ces derniers temps, Eugène Picon abusait des pompes pour plaire à son épouse… Ridicule. Grotesque. Que se passerait-il, si Germaine me retrouvait mort sur le carrelage ? Je l’imagine, affreusement pâle… Se précipitant sur moi… Défaite, bouleversée par l’émotion, elle m’attire à elle, me serre contre sa poitrine en murmurant Eugène, reviens-moi je t’en prie, non tu n’es pas gros, tu ne l’as jamais été, tu es un athlète méconnu… Comment ça : même pas en rêve ? Quoi ? Elle dirait : Enfin libre ? Libre d’aller me jeter dans les bras virils de Schwarzie ? C’est trop fort. Attends un peu. Tu le vois, ce poing ? Tiens ! Prends ! Dans l’épicentre ! Et c’est pas fini ! Pif ! Paf ! Tu l’as bien cherché !

 

- Hé ! Ho ! Ouvre !

- …

- VAS-TU TE DECIDER A LA FIN !

- Entre.

- Mais enfin… C’est quoi, ce carnage ?

- …

- Pourquoi la glace est-elle en miettes ?

- Aucune idée. Je faisais un peu d’exercice, quand tout est tombé.

- Regarde ta main ! Tu pisses le sang jusqu’au coude… Et ton poignet. Dans quel état tu es... En nage en plus !

- Normal, chérie. J’attaquais une série de pompes en pensant à toi pour raffermir ma ceinture abdominale, quand subitement, la glace s’est effondrée…

- Mon Dieu. Tout ça, c’est de ma faute… Finalement, cette glace, c’était une très mauvaise idée. Mon pauvre Loulou ! Viens là, que je te soigne…

 

… Se laisser faire. Loulou aurait pu mourir sous un déluge de verre, Loulou le sait, mais il est stoïque, tout va très bien Madame la Marquise, Loulou souffre le martyre, mais il continue de serrer les dents, il est impassible devant la douleur, Schwarzie peut aller se rhabiller, Loulou sait que son soufflé se profile à l’horizon, Loulou le hume déjà…

                                                                                                        Ysiad

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 08:37

transit-26-image.jpg


Il était monté au dernier moment.

Le train était bondé. Des gens du soir qui rentraient chez eux. Le choc s’était propagé en deux ou trois secondes sur toute la rame. Un bruit sourd. Sinistre. Menaçant. Et puis le saisissement. Des regards apeurés qui se perdaient par les fenêtres. Des lèvres qui cherchaient à réprimer un cri, un spasme, un rictus. L’alarme s’était mise à hurler au moment où les nœuds commençaient à manger les ventres. Aussitôt ou presque, il avait vu les corps glisser vers les sorties d’urgence. Des jambes qui n’écoutaient plus que le danger. Le train stoppé, on avait annoncé un incident voyageur en tête de train. On s’excusait. On informait sur les procédures, les exigences, les responsabilités. Les nécessités techniques. Il y aurait du retard. La foule soupirait. Le poids s’allégeait. Les langues se déliaient. Les téléphones s’activaient. Jusqu’au dernier wagon on pensait au film qui passerait en boucle sur les écrans, peut-être jusqu’à la reprise du travail, au petit jour.

Il s’était recroquevillé sur son siège, silencieux face à une femme en robe rouge, légère et frémissante. Elle pressait un crucifix sur sa poitrine et lui rendait son silence avec un petit sourire béat. Ses yeux fourmillaient d’étoiles et toutes les joies de la vie semblaient courir dans ses pupilles. La collision n’avait pas eu de prise sur elle. Il la regardait et tremblait d’horreur et de dégoût. Depuis la veille, le ciel avait perdu toutes ses couleurs et l’air s’était brutalement froissé. Comme chaque jour, à l’heure exacte, sa fiancée était en tête de train à l’attendre. C’était toujours une attente heureuse qui la portait jusqu’aux larmes.

Au dernier moment il y avait eu cette étreinte dans la cabine avec une fille des rails.

Il était descendu de la motrice à reculons. Sur le quai ils s’étaient dévisagés avec beaucoup de douleur et d’inquiétude sans pouvoir se prendre dans les bras. Puis les mots étaient venus. Des mots souillés par l’effroi. Elle avait dit qu’elle se jetterait. Elle avait dit que ça ferait mal. Du haut de sa cabine, il la prendrait en pleine figure. Elle avait dit que la plaie mûrirait dans son cœur aussi longtemps que dureraient les jours et les nuits. Elle avait dit qu’elle mettrait sa robe rouge pour la circonstance. La rouge qu’il aimait tant.

Au dernier moment, il avait demandé à être relevé de son service.

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 09:17
fable-touray.jpg

Entre délices de chair et plaisirs des sens Jean-Claude Touray, toujours d’humeur enjouée, nous conte une fable habitée par quelques personnages mythiques….

 

Le prince, la poule et le poulpe.

par Jean-Claude Touray


Un prince consort,

L’un de ces Grands que l’on promène

Accroché au bras d’une reine

Et qui sont là pour le décor,

Un prince donc, avait une poule.

Elle faisait l’admiration des foules :

C’était une bête aux yeux d’or

Semés de vives étincelles

Comme celles

Jaillissant d’un diamant aux feux multicolores.

De plus voluptueux auraient choisi la chatte

Au déhanché d’aristocrate

Ou la pouliche

A l’œil de biche,

Le prince aimait mieux les gélines

Et le matin, après matines

Avant de la combler de baisers, de caresses,

Il promenait sa poule, en laisse.

Ils vécurent un bonheur fou

Jusqu’au jour où

Pour être au tip top de la mode,

Elle fauta avec un octopode

Un beau colosse aux bras musclés d’acier trempé.

Oublieux de l’antique adage :

" Pour être heureux vivons cachés "

Nos deux aimables personnages

Se bécotant

A tous les vents,

Furent pincés en flag par monseigneur

Le prince qui cria : " Je vais faire un malheur ".

Le consort très fâché de leur libertinage

Les fit embastiller dans une grande cage.

La reine profita de cette sombre affaire

Pour exiger, sans même un jugement sommaire,

L’exécution de la fichue volaille,

La Poule insolente et canaille

Qui lui faisait porter des bois de cerf au front,

Triste ornement pour une tête.

Maintenant que la bête

Avait perdu la protection

Du prince qu’on

Sort dans les grandes occasions,

Le bourreau pouvait l’embrocher

Au plaisir de sa Majesté.

Au tribunal correctionnel,

Plus heureux qu’elle

Son ami poulpe eut sans soucis

Indulgence quasi plénière.

Verdict : simple privation de dessert

Avec sursis.

Le prince, on ne le savait pas,

Avait du goût

Pour les gros bras.

L’octopode le fascina,

L’hypnotisant de ses yeux fous.

Désormais le poulpe promène

Le prince en liesse, ils vont de bar en bouge

Et de claque en taverne

En buvant un noir ou un rouge

Avant de regagner, chaque jour que Dieu fait

Les marches du Palais

Pour cultiver à deux le jardin de la reine.


Moralité :

Deux " tiens " valent mieux qu’un " tu ne l’avais pas ".

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