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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 09:30

poeme-Romashov-copie-1.jpg

Pour que dans l'euphorie des fêtes, on ne les oublie pas...

 

L’épave

par Claude Romashov

 

 

Elle tangue roulée dans son paletot trempé de pluie.

Le temps a la nausée et vomit sa bile.

Elle se tient aux murs, arrache des débris de plâtre.

Et va s’échouer durement sur le trottoir.

A la vue des passants scandalisés.

Elle n’est plus qu’un déchet, un rebut.

On peut l’écraser, lui marcher dessus.

La mer a trop charrié d’écume et de douleur.

La mer lui a rongé la peau.

L’indifférence tue plus que la lame mortelle des vagues.

Dans un dernier sursaut, elle lève un bras pétrifié

Vers le ciel soufflé d’étoiles.

L’épave disloquée gît sur le sable.

Des insectes de bois se délectent de ses chairs

Cassantes comme du pain de sel.

 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 19:30

en-toutes-circonstances.jpg

 

Au menu ce soir, un série d'invitations reçues ce jour dans la boîte aux lettres du café et remixée par le barman. A l'approche des festivités, il serait dommage que vous n'en profitiez point.

 

 

C’est avec un grand plaisir que je me suis attablé en ce jour à votre café pour faire votre connaissance mais aussi partager avec vous une découverte capitale et vous soumettre de ce fait une affaire très intéressante tant pour moi que pour vous.

Permettez-moi de vous présenter notre nouvelle création : il s'agit d'un concept entièrement nouveau, un logiciel informatique conçu par les plus grands spécialistes en ressources humaines. C'est un produit très haut de gamme qui vous permet de désintégrer les barrières psychologiques, celles qui vous privent de votre épanouissement physique, mental et financier. Avec ce dispositif adapté à votre shéma corporel selon vos convenances, vous serez reconnu comme une personne unique et surpassée, un personnage éminent dont on recherche la compagnie ; vous développerez une volonté de fer qui permettra qu'un désir se réalise avec certitude ; en toutes circonstances votre triple A sera prémuni même en cas de conjoncture dévavorable. Soyez rassuré, le système est entièrement automatique et une fois activée, la touche contact stimule aussi bien le subconscient que l'intimité profonde sans qu'il soit nécessaire de se connecter à un terminal. Votre vie sera désormais symbole de réussite et de bonheur.

Vous pouvez naturellement en faire profiter vos amis et connaissances pourvues de bonne moralité ainsi que les visiteurs honnêtes de votre estimable café. En ce cas, en tant qu'associé et bénéficiaire, comme preuve de bienveillance, je vous offre sans discuter un programme inédit de retour rapide de l'être aimé associé à de multiples occurrences pour se faire aimer par la personne de votre choix.

 

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 09:00

Coeur-d-afrique.jpg 

  

Texte de Corinne Jeanson - Interprète : Nicole Amann - Compositeur : Hervé Jeanson -

avec l'autorisation du site Bonnes Nouvelles

 

 

Cœur de l'Afrique noire. Bière bouteille de pays. Chaleur et vent rafraîchissant. Solitude avec paysages nouveaux en décor. Je suis au cœur de l'Afrique. Dans une ville basse avec toute sa vie, ses musiques, ses bruits, ses vendeurs des rues, derrière leurs tables de bois aux pieds cassés mais tenant bons car la verticale n'est pas une loi de la nature. Les sorcières ont mangé mon âme. Dans la maison aux génies, je cherche mamy wata. Je sais que je ne la trouverai pas ou bien elle se nomme habitude. Je m'habitue.

Les Africaines rient fort dans les cafés. Un homme porte sur sa tête une machine à coudre. Marque : Éléphant (les lettres sont effacées). Pour rythmer ses pas, il joue avec une paire de ciseaux. Les ânes ont les pieds de devant attachés. Les cochons sont noirs, les jarres renversées et les maisons de terre enfumées. La meunière en sueur écrase le mil sur la large meule en pierre. On entend les crissements du broyage. La farine de mil blanc tombe sur le sol de terre battue, la terre rouge africaine. La cabaretière plonge les calebasses dans ses canaris de bière. Les Africains sont emplis d'amour jamais perdu qui leur donne une force tranquille. Cette force tient tout leur corps. Ils sont comme les arbres plantés dans la savane qui étendent leurs branches lourdes, au-dessus des troncs pleins, jamais écrasants.

L'orage et le bruit du tonnerre emplissent l'espace et le rendent moins menaçant. Sa présence -qu'elle soit divine ou naturelle- suffit à estomper tous mes désarrois. Si je pleure sous la pluie battante, c'est parce que je me libère enfin, comme le ciel, de la pesanteur des jours sans noms. L'amour passé reste l'amour, bien qu'on n'ose plus tout à fait le nommer ainsi à force d'usure. Quand le cœur doucement écoute les silences d'hier, tout autour les colons aux jambes rudes s'assoient et fument, jusques aux cieux africains, leur félicité commune. L'heure du thé, moment privilégié, s'accompagne de la silhouette respectueuse du boy, habitué ici aux manières de l'aristocratie servante. Dehors, les enfants jouent dans les détritus et les femmes aux seins flasques se baignent dans le marigot boueux.

Tout cela se déroule alors que toi, dans le même temps, du fond de l'Europe blanche, tu souris à la jeune danseuse en sueur. Sous le ciel africain, je songe à notre rencontre et à sa fin.

 

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 10:00

bourse.jpg

 

L'indice de satisfaction des valeurs économique s'est une nouvelle fois contracté dès l'ouverture du marché. De nombreux petits porteurs en colère ont investi la bourse en réclamant la révocation des privilèges de négociation et la fin des prises de contrôle inversées. Des flics pimpants ont été dépêchés pour faire place nette. Les lacrymogènes ont rapidement saturé la corbeille mais les intérêts se sont cristallisés provoquant un déficit de visibilité avec en retour une forte volativité des valeurs.

Devant la multiplication des opérations liquidatives, les agences de surveillance ont préconisé une mise sous protection de la justice.Muni d'un ordre brut, le ministre en charge des fondamentaux a décidé de frapper les esprits avec le vote en urgence de la charia économique : des peines pouvant aller jusqu'à cent coups de règle d'or seront infligées aux contribuables dont les actifs resteraient insensibles aux fluctuations de la conjoncture économique.

Les prestataires commissionnés à cet effet ne sauraient être tenus responsable en cas de préjudice direct ou indirect résultant de l’utilisation de ces directives.

 

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 09:00

Tunisie 01 

 

Il se trouve que j'étais à Tunis au moment des élections des délégués de l'Assemblée Nationale Constituante et que, grâce à quelques contacts parmi les acteurs de la révolution, j'ai pu rencontrer des prétendants à la gouvernance du pays mais aussi et surtout de simples citoyens se retrouvant dans les comités de quartier, groupes de défense, réseaux sociaux... Une parole libérée, foisonnante, entrainant des discussions à bâtons rompus, le jour, la nuit, échanges fraternels, respectueux et même si le ton devient parfois houleux, survolté, radical, l'espoir est de mise... Tunisie-01bis.jpg

Extrait de "La Révolution Tunisienne" (Netdigitalfilm)  

Il suffit de prendre le taxi pour mesurer le changement à l'oeuvre. A peine monté à bord, le chauffeur évoque la victoire de la révolution, l'enthousiasme de tout un peuple enfin libre et les doutes qui les assaillent aujourd'hui...

Tunisie 02

Taxi 1- Aujourd'hui la presse est libre ; avant il n'y en avait que pour Ben Ali et les Trabelsi ; maintenant n'importe quel chien écrasé peut avoir un article dans le journal...

 

Taxi 2 - La démocratie tout le monde la veut mais la pratique démocratique ne se fait pas à coup de baguette, ça ne s'innocule pas avec une seringue...  

Tunisie 03

Taxi 3 - On a dégagé Ben Ali, maintenant on sait qu'on peut dire non...

Tunisie 04

Taxi 4 - 90% des Tunisiens sont pour la révolution. Les 10% restants sont des malades, des fous qui crient encore Ben Ali, Ben Ali, Ben Ali... On a pas besoin de s'occuper d'eux, une cartouche c'est bon...

Tunisie 05

Taxi 5 - Ennahdha va nous délivrer de la misère, la Tunisie va devenir propre, plus de corruption, plus de vagabonds...

 

Taxi 6 - Ennahdha a gagné d'accord, on respecte le vote du peuple mais la révolution a les yeux ouverts, on ne laissera pas s'installer une autre dictature...  

Tunisie 06

Taxi 7 - Maintenant on a la liberté... la liberté, tu peux pas savoir, on discute, on critique, on vote, on se respecte, c'est la révolution...

Tunisie 06bis

Taxi 8 - La France applaudit aujourd'hui la Tunisie et sa révolution des jasmins, la France elle n'a rien compris, les jasmins c'était Ben Ali, notre révolution c'est la révolution de la dignité...

Tunisie 07

Taxi 9 - On sait bien que la révolution n'est pas terminée, les rcdéistes vont encore manoeuvrer et les barbus vont défiler... Tunisie 08

 

Taxi 10 - Les Tunisiens sont musulmans et modernes, ils respectent le code de la femme, le droit des personnes, la liberté d'expression et les valeurs de la famille, du Coran... 

 

Tunisie 09

Taxi 11 - Les islamistes se veulent rassurants mais ils traitent les laïques d'intégristes...

Taxi 12 - Démocratie et religion, c'est pas facile... croisons les doigts !

Tunisie 10

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 09:00

dernier-tango.jpg

 Dernier Tango

par Corinne Jeanson

 

 

Dans les rues noires de la ville

Ivres nous marchons

la lune dans le caniveau

Ivre je pleure dans la pluie

Ivre de toi, de tes mains dans ma peau

Assoiffée à la veine de ton bras.


Là-bas sous le porche noir

Ta langue a tourné

Sur mon visage

Ça ne suffisait pas

Tu as déchiré mes vêtements

Tu m’as retournée

Pour déchirer mon corps

Par ton corps planté.


Mais ta violence

N’a pas calmé l’effroi d’aimer

Dans le silence de tes pleurs

Tu me déchirais encore.

Ivres nous rampons dans les rues

Noires de la ville

Vaincus par le noir désir.

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 19:59

septieme-7269bis.jpg

 

Elle est assise en bas de l'escalier, les jambes repliées sous elle, une main en attente sur un genou, l’autre joue tendrement dans ses cheveux. Il est tout en haut, sur la terasse, chevillé au soleil. Elle ne le voit qu'imparfaitement mais elle le devine puissant, généreux, magnifique. Pendant une petite seconde leurs regards se croisent. Un sourire éclair, une sorte d'enchantement et la voilà traversée par des images impudiques qui lui donnent la chair de poule. Elle attend qu'il lui fasse signe. Il a aussi des envies, c'est sûr. Elle sent ses lèvres en alerte, prêtes à emprunter les passages d'ombre de son corps, à le couvrir de baisers audacieux, à la faire jouir d'une heureuse douleur. Son esprit est en apesanteur. Jamais elle ne s’ést montrée nue devant un homme. Elle aimerait qu’il la voie toute entière, qu'il savoure sa beauté et éprouve sa vigueur mais elle ne peut s'y résoudre. C'est trop tôt. Elle a encore son duvet de bébé. Après tout, il ne l'embrassera peut-être que du bout des lèvres. Elle se lève, décidée à faire les quelques pas qui les séparent, mais seule son ombre se détache. La silhouette ondule sur les marches, manque de se briser sur une aspérité. Elle hésite puis repart. Il est là, tout près. Tout près. Il n'ouvre pas les bras pour qu'elle sy abandonne. Son regard est lointain et dur. Le soleil lui joue des tours. Une bouffée de chaleur lui étreint la poitrine. Elle se redresse, respire avec peine.A deux doigts du contact elle vacille encore. Il n'a pas bougé. Ses lèvres sont figées et muettes. Elle se hisse sur la pointe des pieds, approche sa bouche, l'effleure. La rumeur de son ventre monte brutalement. Il reste de marbre.

 

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 09:00

robe-noire.jpg

Avec l'aimable accord de Nicole Aman du site Bonnes Nouvelles, Corinne Jeanson nous propose un retour sur ses Musicales. Nous sommes bien sûr ravis ! 

  

La vague de sa robe noire

 

 

La vague de sa robe noire dans la nuit immobile danse sur ses mollets. Je l’invite à me suivre dans le bar. Elle acquiesce, avec cette indifférence absolue que je prenais pour de l’insolence et qui est sa parure, sa force unique. Derrière le masque, pas de masque. Elle choisit d’être là et n’exprime rien parce qu’elle n’a pas à dire pourquoi ni comment elle est avec moi. Si choisir signifie encore quelque chose, aujourd’hui, elle a choisi d’entrer dans ce bar avec moi.


Dans le bar, d’autres clients sont assis, spontanés et insolents comme tous les gens qui fréquentent ce côté-ci de la rive. Elle les connaît, elle leur ressemble. Et pourtant elle est d’ailleurs. Nous ne parlons pas. Nous regardons autour de nous. Curieux des autres plus que de nous. Soudain, elle se met à parler très bas et longuement. Elle me raconte mon histoire, notre histoire. Avec les mots que j’attendais. Sans complaisance, elle décrit tous les temps de notre histoire, lentement. Bien avant moi, elle en avait déroulé le sens caché.


Un homme entre qui la connaît. Il s'approche de notre table et s'assoit sans se présenter. Elle me sourit étrangement, un sourire qui signifie que tout est dit, que s’il n’y a pas d’espoir, il n’y pas non plus à en souffrir. Elle fait signe à l’homme et ils repartent ensemble. Je ne sais pas où l’homme l’entraîne, s’il est son amant, s’il lui a donné rendez-vous là. Elle part avec lui, avec le vague de sa robe qui bat ses mollets.

 

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 08:00

Bal-perdu.jpg

 

Meï est exténuée.

Des nuits qu'elle ne sent pas le sommeil venir

Qu'elle se promène libre sous sa robe dans les jardins de l'Eden 

Meï aime l’idée d’y retrouver un homme qui pourrait être son amant

Elle aime se sentir regardée par lui

Elle aime qu’on la voie être celle qu’un homme regarde

 

L’homme se mire dans une autre

Il la prend par la taille

Danse avec elle

Mange le rouge pourpré de ses lèvres

Et rit de cette chose en or qui éclaire son corps

Il lui plait de croire qu'il peut se marier partout

 

Meï pleure de voir cet air de bonheur qui ne tient dans rien

De ces baisers qui se perdent dans la terre mouillée

Elle pleure de ne pas savoir que faire de ça

de n'être avertie pour rien

de rester dans la somnolence du désir

Incapable de faire grandir le rêve qui donne la jouissance

 

L'homme s'en va sans voir

sans rien emporter d'elle

Pas même un instant de curiosité

Meï n'est que la forme invisible du ravissement

Une fiancée rappelée à la nuit

Avec un cœur inachevé

 

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 13:00

traversee-desert.jpg

Et si à l'occasion des voeux on adressait à ses plus chers amis un "Miniliv" publié aux Editions du Banc d'Arguin ? Un choix de 127 nouvelles à découvrir et à offrir comme par exemple  :

 

La traversée du désert

de Désirée Boillot

 

Un homme marche dans le désert.

Il est seul, entouré d'ombres, et il boite.

Tout ce qui l'environne évoque le chaos.

Durant sa traversée l'ennemi restera invisible.

Où est-il ?

Qu'est-il en train de vivre ?

 

http://editionsdubancdarguin.izibookstore.com/ (3€ l'exemplaire)

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