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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 08:00

Jour--28.jpg

 

Par tous les saints …

Danielle Akakpo

 

 

 

Le Roi est furieux. Pas tellement à cause de quelques grands seigneurs de ses provinces qui intriguent pour le détrôner. Ceux-là, il pense pouvoir en faire son affaire. Non, ce qui provoque son ire, c’est un empêcheur de tourner en rond, un grand manipulateur de la populace qu’il ne sait comment museler. Et pour cause ! Jugez donc.

Ces ouvriers qui veulent gagner plus, qui font valoir que leur tâche est pénible et revendiquent le droit de se reposer avant que la Camarde les rattrape, par exemple ? (Est-ce qu’il se repose, lui ?) Qui leur souffle ces idées saugrenues ? Le croirez-vous ? Saint-Dicat !

Ces autres qui se gaussent de ses promesses quand il leur assure qu’il fera tout pour préserver leur outil de travail ? Qui les inspire ? Saint Dicat !

Sans parler de ceux qui ont plaisir à ne rien faire tout en ouvrant la bouche pour recevoir la becquée et qui prennent la mouche quand il veut leur imposer quelques heures de labeur… Encore un coup de  Saint-Dicat !

Et tout ce monde-là envahit les rues en brandissant des pancartes qui, le moins qu’on puisse dire, ne sont ni aimables ni respectueuses pour lui. La faute à qui ? A Saint Dicat !

Pire ! On entend dans les campagnes mugir ces féroces paysans. Ils viennent même jusque dans les cités accompagnés de leurs vaches et cochons, agitant eux-aussi leurs méchantes banderoles. Qui les pousse, les encourage ? Saint-Dicat.

Foutu Saint-Dicat qui se met sans cesse en travers de son chemin, à lui, plutôt adorateur de Saint-Ducat.

Les autres ne lui posent pas de problème, pourtant. Au palais, le Roi a sa Sainte Nitouche, qui l’adore et le bichonne. Saint-Claude, nom d’une pipe, Saint-Alain, Sainte-Maurizette sont très coopératifs. Même la petite Bernadette de Lourdes est sortie de sa grotte pour l’assurer de son entière soumission. Mais le meilleur c’est encore Saint-Cop.

Le roi fait le voyage jusqu’à Rome dans son carrosse volant. Peine perdue. Sa Sainteté ne peut, ne veut rien faire. Elle l’exhorte à prier, très humblement.

Au retour, ravalant sa vanité, Sire le Roi s’agenouille, en chemise, les mains jointes et répète sa supplique :

« Mon Dieu, je vous en supplie, ayez pitié de votre serviteur. Par pitié, virez-Saint-Dicat du calendrier. »

Au vingtième couplet, un coup de tonnerre retentit, puis une voix s’élève : « Ce sera fait, mon fils… » Un second coup de tonnerre couvre la fin de la phrase… «  à la Saint-Glinglin. »

 

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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 08:00

Jour--29.jpg 

100 choses à faire ou à défaire pendant une campagne électorale

Mes résolutions et autres fantaisies du dimanche

par Franck Garot 

 

       

71.       constater que débat rime avec passe-plat

72.       s’étonner que l’école hôtelière ne délivre pas de carte de presse

73.       ne pas confondre urinoir et isoloir

74.       découvrir qu’il reste de la poudre à la Bastille

75.       remarquer qu’elle ne sert qu’au maquillage des danseuses de l’Opéra

76.       se dire que les candidats ont sûrement leurs réserves pour leur maquillage idéologique

77.       préférer la mer à la campagne


 

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 08:00

Jour--30.jpg 

Dégauchissage

Jean Calbrix

 

 

Nous sommes en 2112, en pleine campagne électorale pour l’élection du président de la République. L’indéboulonnable Nicolas Sarkozy se présente pour un nouveau mandat. Il aurait tort de ne pas le faire car depuis plus d’un siècle, tout lui réussi. Son credo : la gauche c’est pouacre. Sa méthode, inaugurée en 2007 : le débauchage de politiciens, roses à l’extérieur, blanc à l’intérieur et toujours auprès de la motte de beurre. Au fil du temps et des élections, il avait acquis une aversion totale de tout ce qui pouvait être de gauche. Ainsi, en 2012, il s’était fait couper la jambe gauche. Ses conseillers lui avaient dit qu’il allait se priver de chances non négligeables car il est bien connu que marcher dans une crotte de chien avec le pied gauche le matin, c’est du bonheur pour toute la journée. Il ne les avait pas écouté, bien heureusement. Il fut réélu et les conseilleurs virés.

En 2017, ne perdant pas le cap, il se fit amputer du bras gauche. Pour faire un bras d’honneur, point n’est besoin des deux bras. Et il se fit réélire les doigts de la main droite dans le nez.

En 2022, toujours sur sa lancée, il se fit faire l’ablation du pavillon auriculaire gauche. C’était tant mieux. Il n’aurait plus à entendre les sirènes de gauche. Comme il pouvait encore les voir ces sirènes-là, en 2027, il se fit crever l’œil gauche.

Ainsi, d’élection en élection, plus il se diminuait, plus il se renforçait. Il ne respirait plus qu’à droite, n’urinait plus qu’à droite, ne se reproduisait plus qu’à droite après s’être débarrassé du poumon gauche, du rein gauche et du testicule gauche.

Nous sommes donc en l’an de grâce 2112, et il est bien embêté pour poursuivre sa politique d’éradication de la gauche, car tout ce qui allait par paire chez lui avait été réduit à l’unité de droite. Les sondages arrivent, très mauvais pour lui. Il n’aura qu’une seule voix dans les urnes, la sienne. On entend ses lamentations fuser des cheminées de l’Elysée et se répandre sur la capitale pour aller mourir au loin dans la campagne. Une cellule de crise travaille d’arrache-pied, nuit et jour, pour trouver ce qu’il pourrait y avoir encore de gauche chez ce grand homme. C’est alors que son nouveau conseiller Baltazar Gommons de la Gauche lui glisse dans l’oreille droite qu’il y a encore du gauche en lui.

- Quoi donc, Gommons ? Dites-moi vite et je vous ferai avoir les palmes académiques.

- Votre hémisphère gauche, sire.

- Morbleu. Que racontez-vous là, Gommons ? Il n’y a que deux hémisphères, le nord qui est mon mien, et le sud surpeuplé de peuplades qui s’évertuent à vouloir rentrer chez moi.

- Je parle de votre cerveau, sire. Cette partie de vous-même qui vous fait venir de mauvaises pensées.

- Ah mais oui, Gommons, j’ai fait dans la gabegie. Il m’a poussé à donner un généreux coup de pouce de droite de 0,1% au SMIC pour compenser l’inflation qui n’était que de 0,05% selon l’horoscope. Allez chercher le chirurgien pour qu’il me lobotomise à gauche.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Seulement voilà. Il ignore que, contre toute attente, l’hémisphère gauche commande les membres de droite. Le président, ainsi privé de gauche et hémiplégique de droite, reste sans voix, ce qui historiquement parlant, est le plus mauvais score enregistré à ce jour dans une élection à la présidence de la République.

 

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 08:00

Jour--31.jpg

 

Banco ! Banco !

Tam-tam

 

A l’heure ou se profile la nouvelle ère financière, il devient essentiel que tout un chacun puisse combiner sans réserves les rentes qui lui sont propres. Il ne s’agit plus seulement d’investir, mais de devenir le promoteur de ses propres placements et agissements profitables.

 

Message de M. Partipris, votre conseiller électoral et financier.

 

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 08:00

Jour--32.jpg

 

Madame la Présidente de la République.

Claude Bachelier

 

 

 

Je viens de raccompagner mon prédécesseur jusqu’à la voiture qui le ramènera chez lui. J’ai attendu qu’il sorte de la cour d’honneur de l’Elysée avant de retourner dans le bureau qui sera le mien pendant cinq ans. Cinq longues années où je serai, entre autres, amenée à prendre des décisions qui engageront la France et les français.

 

L’ultime entretien que j’ai eu avec lui – j’ai du mal à l’appeler par son nom ; même pendant la campagne électorale, je ne parlais, pour l’évoquer, que du président sortant ou du président candidat. Et il n’y avait là aucune stratégie de communication, aucun calcul électoral. Donc cet ultime entretien m’a révélé un homme blessé, abattu, même s’il n’en laissait rien paraître. D’ailleurs, comment en aurait-il pu en être autrement ? Il a été digne, presque chaleureux, à l’inverse de son attitude belliqueuse pendant la campagne. Quand il a prit congé, il a pris ma main dans les siennes et m’a dit : " je vous souhaite de tout mon cœur de réussir. Pour la France et les français."

 

Tout à l’heure, dans le salon d’honneur, le président du Conseil Constitutionnel, après avoir lu les résultats définitifs de l’élection, me proclamera Présidente de la République Française. Puis le Grand Chancelier de l’Ordre de la Légion d’Honneur me reconnaitra comme Grand Maitre de l’Ordre de la Légion d’Honneur.

 

Mais avant tout cela, j’ai demandé à rester seule quelques instants. J’ai besoin, non pas de réfléchir, cela je le fais en permanence depuis que je me suis lancée dans cette course à la présidence. Non, j’ai besoin d’être seule. De ne pas avoir tous les regards braqués sur ma personne, sur le moindre de mes faits et gestes. De ne pas avoir à sourire ou à faire semblant. J’ai besoin de goûter encore quelques courts instants au silence et à la solitude. Parce que je sais que, dès l’instant où je franchirai les portes du salon d’honneur où m’attendent les Corps Constitués, les invités, ma famille, je sais que je ne serai plus moi mais Madame la Présidente de la République. Je ne saurai pour autant m’en plaindre car j’ai tout fait  pour en arriver là.

Sans vouloir m’étourdir de mots ou de formules toutes faites, je sais que, désormais, je suis la voix de la France. Je suis la France. A moi de revêtir l’habit présidentiel avec ce qu’il faut de grandeur et de force. Mais aussi, mais surtout avec ce qu’il faut d’humilité et de modestie.

Et pour cela, j’ai placé sur mon bureau la photo de mes quatre grands-parents. Tous les quatre venus de leur Sénégal natal juste après la guerre, les uns pour travailler en usine chez Renault, les autres pour vider les poubelles de la capitale. Ils me rappelleront, si besoin est, d’où je viens et surtout de quel milieu je viens.

 

J’ai envie d’appeler Mathilde. J’aimerais bien qu’elle pénètre dans le salon d’honneur en même temps que moi. Après tout, ce serait normal : voilà trente ans qu’elle partage ma vie. Trente ans qu’elle est à mes côtés, qu’elle participe de mes joies ou de mes chagrins, qu’elle vit auprès de moi  tous ces moments intenses du militantisme, ceux de ma vie d’élue. Trente ans que je l’aime autant qu’il est possible d’aimer. Mais elle refusera, comme elle a toujours refusé de se mettre en avant ; parce qu’elle a toujours voulu rester en retrait, derrière moi, discrète mais heureusement si présente.

 

Dans quelques instants, l’huissier m’ouvrira les portes du salon d’honneur et annoncera d’une voix forte : Madame la Présidente de la République.

 

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 08:00

Jour--33b.jpg

 

Elle

Jacqueline Dewerdt

 

 

Comment elle va, elle ?

Elle va, elle va bien, à peu près, à peu près bien.

A peu, elle a peu, n’y peut rien.

A si peu, si peu elle a

Elle va. Bien. Bien elle va. A peu près.

Si près elle va, si près du bord.

N’a rien ou si peu, de si peu elle vit.

Elle vit, elle va.

Au bord de la vie elle va, elle vit, elle veut.

Elle rêve, rêve, rêve peu, mais rêve.

Elle est à bout, elle rêve

Elle rêve du bout du monde où…

Où le bout du monde ?

Au bout du monde elle n’y va pas

Y va en rêve là-bas au bout.

Comment elle va ?

Va à peu près, va pas bien

A bout de force, elle,

Elle n’y va pas, là où est la vie

Pas la vie à peu près qu’elle vit

Leur vie à eux.

Eux, ils vont bien, très bien

Bien peignés, bien rôdés, bien nourris, bien pourris.

Eux, ils vont, ils vont et viennent

Vont là et s’en reviennent

Ils parlent, ils prêchent, ils veulent

Ils vont bien, ils donnent de la voix

Ils veulent

Ils veulent gagner, gagner des voix

Parlent à tort, à tous et à travers

Et pas du bout des lèvres mais à pleine voix

Parlent de tout

Parlent de rien

Leur voix cherche les voix

Parlent de rien, de rien du tout

Qui n’a rien ?

Elle n’a rien, rien du tout

N’a rien, n’est rien et vit au bord, tout au bord du monde

Tout près d’eux qui parlent

Mais pas d’elle

Qui vit au bord, tout près du bord,

Tout près de vous, tout près de nous.

Vous savez, vous, comment elle va ?

 

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 08:00

Jour--34bis.jpg

 

Plus personne ne sait tourner à gauche

Jean Luc Lapoule



 

A chaque carrefour important, on voit depuis quelques années des gens qui ne savent plus tourner à gauche. Chacun voulant passer le premier sans géner celui qui vient derrière, s'engouffre et coupe la route à celui qui vient en face (fig. A). Du coup, il se retrouve souvent bloqué au milieu du carrefour... ou bien, une fois son virage accompli, il se retrouve dans la rue de gauche en empiétant allègrement sur la file à contre-sens...

  
Avant, les virages à gauche s'effectuaient comme une danse, un tourbillon, où les deux personnes voulant tourner se mettaient côte à côte, dans un respect mutuel affiché, et les gars derrière n'avaient qu'à attendre que le virage s'effectue (fig. B). 

Aujourd'hui, on peut même voir des gens qui voudraient bien tourner à gauche, mais ne savent plus comment, alors ils préfèrent suivre la route et partir tout droit (fig. C), quitte à modifier leur intention première.

 
Les plus radicaux ont choisi quant à eux la voie la plus stupide qui soit, puisqu'ils pensent qu'en tournant à l'extrême droite trois fois de suite, ils finiront par retomber à gauche... (fig. D)

 

Virage-a-gauche.jpgLe virage à gauche de plus en plus difficile...

 

Moralité : si toutes les personnes majeures sont censées se conduire correctement, il faut tout de même que certaines pensent à réfléchir sérieusement avant de sortir la voiture un dimanche tous les cinq ans...

 

Réfléchir, c'est encore permis.

 

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 08:00

Jour--35.jpg

Le discours

Joël Hamm

 

 

Citoyennes, citoyens, merci d’être venu si nombreux  défendre avec moi les valeurs qui au cours des siècles ont fait la grandeur de notre pays et qui, vous le savez, sont en but aux attaques les plus basses. Pas de panique, nous vaincrons. De tout côté les renforts accourent. Ainsi, j’ai l’honneur de vous présenter ce soir quelqu’un de grand mérite qui m’assistera dans la lourde tâche de mener à bien notre politique qui, pour austère qu’elle soit, dégagera pour chacun d’entre vous un espace de bonheur et de joie, certes limité mais néanmoins vital en ces temps de vaches maigres où le veau d’or est toujours debout. Je vous demande donc d’applaudir quelqu’un d’exceptionnel. Quelqu’un, c’est vague me direz-vous. En général la préposition indéfinie quelqu’un peut aussi bien désigner une personne remarquable - Ah, c’est quelqu’un ! – qu’un parfait inconnu. En effet, quand vous demandez : Quelqu’un peut-il me donner l’heure ? Vous avez peu de chance de recevoir ce don d’une vedette du cinéma ou de la chanson. Un passant anonyme et sans charisme peut parfaitement vous renseigner. Vous devriez vous méfier. Va savoir à qui cette personne aura subtilisé ce qu’elle vous offre si généreusement alors que le temps est un espace partagé qui appartient à tout le monde, où chaque être humain est plongé gratuitement dès sa naissance - bien que le processus soit coûteux à la longue et que tout un chacun en fasse les frais un jour où l’autre. Citoyens, boutons hors de nos frontières les voleurs, les laxistes et les négligents ! Que chaque français se dote des moyens techniques nécessaires à son repérage dans le flot temporel et qu’il ne compte plus sur la charité de ses concitoyens ou, pire, sur celle de l’état déjà suffisamment endetté par la politique irréaliste de nos prédécesseurs, impécunieux dispensateurs de biens sociaux injustement distribués à des personnes dont l’identité nationale est douteuse. Cessons d’encourager l’assistanat ! Ceux qui redoutent d’exhiber à leur poignet une montre bas de gamme, révélation honteuse de leur manque de réussite sociale, doivent savoir qu’en n’ayant plus besoin d’adresser la parole à des inconnus ils éviteront au moins d’être la victime d’un de ces malfrats de piètre extraction qui rôde dans nos rues pourtant les plus sûres du monde grâce aux caméras de surveillance et à nos vigilants voisins organisés en milices. Demandez l’heure ou son chemin à un étranger – de ceux que l’on n’a pas encore renvoyés dans leur savane, faute de kérosène à prix abordable - c’est cherchez les ennuis ! Nos policiers, dont l’effectif a dû être réduit pour faire face aux exigences du budget, ont déjà bien d’autres chats à fouetter. Manière de parler, bien entendu, le fouet n’étant donné qu’à des humains coupables de déviance, pas à des animaux. En ce qui concerne les animaux, nous avons d’autres moyens - l’électrocution, le merlin - bien plus respectueux de la bête que le couteau rouillé utilisé par des communautés archaïques. Pour plus de précisions sur nos méthodes, adressez vous aux bouchers présents dans la salle dont j’aperçois la bannière syndicale. Merci de votre fidélité, humbles travailleurs de la viande, pourvoyeurs d’os à moelle et de rumsteck saignant. Les végétariens n’ont qu’à bien se tenir... Mais revenons à la question du civisme. Posséder une montre en état de marche est le premier pas vers le respect de nos institutions. Cela vous permettra par exemple d’arriver à l’heure à votre rendez vous à la maison de l’emploi, ce qui est la moindre des choses quand on sait que l’exactitude est la politesse des pauvres et que nos fonctionnaires en nombre réduit désormais n’auront que quelques minutes à vous consacrer. Il n’y en aura pas pour tout le monde. Qu’on se le dise ! Où en étais-je ? Oui… à vous consacrer… En ce qui concerne votre consécration je vous recommande de contactez le personnel ecclésiastique qui assure la bonne tenue de cette salle. Le premier curé venu saura vous satisfaire. A moins que vous ne le satisfaisiez vous-même si l’homme est assez pervers pour se soumettre à vos pulsions. Alléluia ! Mais revenons à nos moutons. Manière de parler, ces animaux se moquent bien d’être redevable de quelqu’un et suivent leur instinct grégaire, tels d’écervelés électeurs, indifférents à l’heure qu’il est et au temps qu’il fait, bien protégés par une épaisse toison qu’il est nécessaire de tondre régulièrement. N’oublions jamais que le troupeau n’est rien sans le chien et que le chien obéi au berger qui lui, n’a pas besoin de montre pour arriver à son heure. Et justement, il est temps d’accueillir parmi nous celui ou celle que vous attendez avec l’impatience qui vous caractérise, ô contribuables dévoués et néanmoins récalcitrants ! Un homme, une femme ? Chabadabada... Surprise ! En me contentant d’évoquer quelqu’un au début de ma présentation, vous ne pouviez en effet deviner le sexe de cette personne. Même d’une femme, on a l’habitude de dire (rarement, je vous l’accorde) : C’est quelqu’un ! On devrait employer la proposition quelqu’une, heureusement inusitée. Si elle ne l’était pas (inusitée !) et que notre invité en était une (invitée), j’aurais pu m’exclamer en pensant à cette hypothétique héroïne : Ah, c’est quelqu’une, vous savez ! Mais vous auriez cru à une faute grammaticale et comme je désire seulement à présenter mon quelqu’un sans m’étendre sur ses mérites - bien que je l’admire beaucoup - je précise que mon quelqu’un est un homme. Voyons voir de plus près. En disant cela,  je me rends compte que cette expression ne signifie rien à vos yeux puisque elle peut-être employé aussi bien par un aveugle. S’il y en a un dans la salle, qu’il me précise la manière dont il reconnaît que quelqu’un est un ou une, cela m’éclairera sans l’éblouir et nous pourrions... Suis-je assez clair ? Certainement, puisque vous m’avez élu. Mais brisons là et résumons. Celui qui attend derrière ce rideau, ce mystérieux quelqu’un, est vraiment un être d’exception, croyez-moi ! Un homme providentiel que vous apprécierez tout spécialement. Avec le temps, cette personne comptera pour vous. Que comptera-t-elle, il faudra lui spécifier. C’est vous l’employeur. Ça ne me regarde pas. Je me contente de mettre les gens en présence, à eux ensuite de s’arranger entre eux dans un marché libre et non faussé. Faussé par qui ? Par la concurrence déloyale des services publics. Rien à craindre avec celui dont je parle qui est un homme public dotée d’une intense vie privée. Privée de quoi ? De rien. L’homme a su tisser des liens étroit avec la finance internationale - Dieu la protège ! -  qui veille sur l’équilibre du monde. Souvenons- nous au passage que des liens trop lâches font douter d’une relation véritable et que si vous les resserrez trop, vous provoquez la mort de votre interlocuteur. Louons donc la mesure et la force de notre champion ! Peuple avide de biens matériels, fervents contempteurs du désordre, je vous demande d’accueillir maintenant avec tout le respect qu’on lui doit et la servilité qui vous caractérise ...

Soudain, l’orateur se rendit compte du silence qui régnait dans la salle. Il releva les yeux de ses notes. La salle s’était vidée. Dans les coulisses, il ne trouva personne non plus.   

Il se mit a hurler : Y a quelqu’un ?

 

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 08:00

Jour--36.jpg

100 choses à faire ou à défaire pendant une campagne électorale

Mes résolutions et autres fantaisies du dimanche

par Franck Garot 

    

64.       chanter « ainsi font, font, font, les petites marionnettes, ainsi font, font, font, deux p’tits tours et puis s’en vont »

65.       apprendre à son fils que cette campagne-là n’a pas de fermes

66.       avouer qu’elle a tout de même ses porcs

67.       apprendre à son jeune fils où se trouvent sa droite et sa gauche

68.       abandonner en constatant qu’il est difficile de les différencier

69.       non, rien

70.       calculer le coût de la campagne en nombre de SMIC annuels

 

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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 08:00

Jour--37.jpg

Merci de faire plus que le minimum minimorum

Ysiad

 

 

Aujourd’hui, c’est jour de liesse au 6ème, le grand boss s’est tiré aux Zéta Zuni. Si je précise : grand boss, c’est exprès. De même qu’on doit toujours dissocier les bénéfices de l’entreprise et les intérêts individuels, on ne doit pas confondre grand et petit boss. C’est la règle numéro Un, surtout quand on crèche au 6ème étage.

Le grand boss, c’est le type qui sort de l’ENA et qui envoie des mails en latin du type : merci de faire plus que le minimum minimorum, pour montrer qu’il a un max de culture. Le petit boss, c’est le type qui ne sort pas de l’ENA, n’envoie pas de mails en latin mais demande sans arrêt son avis au grand boss, pour flatter son ego et toucher une belle prime à la fin de l’année. Quand le grand boss n’est pas là, le petit boss met les pieds sur le bureau et s’enfonce dans son fauteuil inclinable avec le journal parce que bon, c’est bien beau le travail, bien joli et tout, mais à la longue, y a pas à tortiller, ça fatigue son homme, Courteline l’a très bien dit. A l’heure où ces lignes s’impriment sur mon écran, le petit boss roupille pendant que le grand boss attend son avion d’Air France pour les Zéta Zuni en classe Bizness, et ce joli voyage aux frais de la princesse lui rapportera des paquets de miles ou points de fidélité, bien utiles pour obtenir des billets gratuits durant les prochaines vacances avec sa petite famille.

La vie est bien faite, surtout pour ceux qui parlent latin couramment.

Pour ceux qui ne parlent pas latin couramment, mais qui veulent tout de même se faire bien voir du grand boss, il y a toujours la bonne vieille solution de la lèche. Au 6ème étage, Tiara Lechbien l’a bien compris, qui porte à merveille son anagramme.

Tiara Lechbien consacre l’intégralité de ses journées à faire une super lèche ; à défaut d’avoir des diplômes et d’être capable d’écrire une simple lettre administrative sans l’agrémenter de cinq fautes d’orthographe, elle décrocherait haut la main une première place dans cette discipline. Question lèche, elle est imbattable, je puis l’affirmer. Dès que le grand boss débarque, elle hurle à pleine voix : Bonjour, M’sieur Suchaaaard ! Vous voulez un café, M’sieur Suchaaaard ? J’vous mets du lait ? Un croissant ? Combien de suc’ ? Le grand boss est ravi. Ça le flatte, toutes ces prévenances, ça le valorise, ça redore son blason à peu de frais. Il n’est pas n’importe qui, mais le grand boss, avec du personnel féminin tout entier dévoué à sa cause. Et plus, si affinités ; est-il besoin de le préciser ?

En revanche, quand Tiara Lechbien oublie le lundi de mettre en route le chauffage dans son bureau, il la gronde. Petite étourdie ! Vous avez oublié de m’allumer mon chauffage ! entends-je parfois depuis mon poste d’observation, tout en pensant que si Tiara a oublié d’allumer le chauffage du grand boss, elle n’oublie jamais d’allumer sa libido ou ce qu’il en reste, l’énarque allant sur ses soixante-dix ans. Tiara roule des hanches sur ses talons de dix centimètres, s’encadre dans le chambranle en s’arrangeant pour offrir à Monsieur Suchard une vue plongeante sur son décolleté échancré. Elle minaude, joue des jambes, accentue l’ouverture de sa jupe, trépigne qu’elle s’excuse, qu’elle ne recommencera plus, Ouinnn ! Ouinnn ! Il s’en faudrait de peu qu’elle ne se roule par terre en implorant une fessée… Non, vraiment, du grand art

Il ne se passe pas une matinée sans qu’elle informe Monsieur Suchard de ses déplacements dans les étages. Elle le prévient aussi en cas de besoin pressant par un tonitruant : M’sieur Suchaaaaard ! Je vais faire pipiiiiiiiii ! , dont tout le 6ème profite. Cela fait partie du comportement de Tiara Lechbien, qui cherche désespérément à attirer l’attention de Monsieur Suchard sur la couleur de ses culottes. Vu l’âge de celui-ci, y a intérêt à mettre le paquet pour le stimuler, Tiara Lechbien l’a parfaitement compris.

La vie est super chouette, surtout pour ceux qui lèchent bien comme Tiara.

Pour ceux qui ne parlent pas latin couramment, se refusent à pratiquer la lèche et restent tapis dans leur tanière comme des cloportes en attendant des jours meilleurs, la vie au 6ème pourrait paraître un peu rébarbative s’il n’y avait, malgré tout, des possibilités de s’en sortir, en allant explorer des territoires reculés sur Internet par exemple, ou des galeries de photos d’amis, ou encore en écrivant des récits éclair lorsque le grand boss a eu la bonne idée de se barrer.

 

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