Pour que dans l'euphorie des fêtes, on ne les oublie pas...
L’épave
par Claude Romashov
Elle tangue roulée dans son paletot trempé de pluie.
Le temps a la nausée et vomit sa bile.
Elle se tient aux murs, arrache des débris de plâtre.
Et va s’échouer durement sur le trottoir.
A la vue des passants scandalisés.
Elle n’est plus qu’un déchet, un rebut.
On peut l’écraser, lui marcher dessus.
La mer a trop charrié d’écume et de douleur.
La mer lui a rongé la peau.
L’indifférence tue plus que la lame mortelle des vagues.
Dans un dernier sursaut, elle lève un bras pétrifié
Vers le ciel soufflé d’étoiles.
L’épave disloquée gît sur le sable.
Des insectes de bois se délectent de ses chairs
Cassantes comme du pain de sel.