Quand ils sont trop nombreux…
Emmanuelle Cart-Tanneur
- Si c'est pas malheureux ! En plein Paris, et en plein jour ! Tombés comme ça, comme des mouches !
- Moi j'étais passé devant la grille deux heures tout juste avant ! Si j'avais su...
- Ils étaient trop nombreux ; ça devait arriver !
- On aurait dû les interdire...
- Mais comment ? Ils venaient de partout s'accrocher là ! Tous au même endroit, les uns sur les autres, depuis le bas de la grille jusqu'en haut !
- Oui, des années qu'il en venait, du monde entier, pour avoir une place là et pas ailleurs..
- Et pour quoi faire ? Porter un message d'amour ? La belle affaire... Aussitôt en place, aussitôt oubliés !
- L'image était belle, et les photographes d'art s'en sont longtemps régalés : l'Amour en toutes les langues, message universel...
- Certes, c'était beau : mais risqué aussi ! Personne n'avait imaginé que la grille s'effondrerait un jour... et puis c'est arrivé.
- A-t-on pu en sauver certains ?
- Je doute qu'on se soit préoccupé de leur sort ; et si certains sont tombés à l'eau on n'ira pas les repêcher...
- Les grilles d'à-côté n'ont pas bougé, vous avez vu...
- C'est vrai ; mais m'est avis que ça ne va pas durer...
- La Mairie de Paris dit s'en préoccuper ; les riverains ont déjà déposé plusieurs plaintes...
- Ils ne sont pourtant pas bruyants !
- Bruyants, non, mais vous savez ce qu'on dit : c'est quand ils sont trop nombreux que les problèmes commencent...
Brève, 9 juin 2014
Une partie du grillage de la passerelle des Arts à Paris, où prolifèrent les « cadenas d'amour » que les touristes accrochent par milliers, s'est effondré dimanche 8 juin, dans l'après-midi, entraînant l'évacuation du pont.