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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 08:00

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Qu’on en finisse !

Joël Hamm

 

Dehors, on les voyait partout, mobilier humain pourrissant à même le sol, image affligeante mais nécessaire d’un avenir menaçant promis aux résignés, tous ceux qu’on maintenait encore en survie pour assurer les tâches quotidiennes et consommer les sous-produits qu’on leur vendait. Certains étaient dotés d’uniformes, policiers et soldats entraînés au carnage. De braves esclaves, ils ne posaient pas problème. On pouvait en acheter des millions. Et en tuer autant s’il le fallait. Hélas, cette organisation montrait ses limites...

Mélancolique, il se fit couler un bain de lait d’ânesse dans une baignoire de porphyre, admirant son reflet repu dans l’or des robinets. Il s’était passé trop de temps depuis le déclenchement du Plan par le Consortium. Les résultats étaient décevants. Bien sûr, en Afrique et en Asie les choses allaient bon train ; les virus et la famine s’alliaient à la guerre pour hâter le programme. Ailleurs, la Démocrature décevait. Si la pauvreté reculait – les pauvres n’ayant même plus la force de se reproduire – ceux qui avaient encore les moyens de se nourrir crevaient trop lentement. Cet hiver, le froid et la faim en avaient tué seulement quelques centaines en Europe. Puisque le réchauffement climatique allait s’aggraver, on n’en aurait pas fini avant des décennies. A moins que la sécheresse, les catastrophes climatiques et leur cortège de désastres soient une aide, mais il ne le pensait pas. Trop d’incertitudes. Même les moyens politiques et scientifiques avaient montré leur inefficacité. L’alimentation percluse de chimie, les radiations et les catastrophes nucléaires, la pollution de l’air et des nappes phréatiques, la répression armée, l’impossibilité matérielle de se soigner étaient des moyens d’actions désuets pour éradiquer la multitude. Quant à la fin du monde promise par les Mayas, elle n’avait pas provoqué la vague de suicide attendue. Il avait failli profiter de cette date pour déclencher un cataclysme atomique d’envergure mondiale mais le risque était trop grand d’y passer aussi. Depuis cette fausse prédiction, la mort continuait son travail mais toujours à un rythme bien plus mou que celui de la vie. Le nombre devenait affolant. Ils seraient bientôt 9 milliards à encombrer la planète de leurs carcasses débiles, pompant les dernières gouttes d’eau, ravageant les plantations plus sûrement qu’une invasion de criquets.

L’époque n’était plus aux tergiversations. Il devait trouver une solution radicale pour éliminer 99,99% des pauvres et n’en garder qu’un cheptel domestiqué et corvéable à merci. Après tout, on avait seulement besoin de leurs terres et des richesses de leur sous sol. Il allait y réfléchir et mettre dans le coup les 1200 milliardaires de son club. Il était temps qu’ils se mouillent. Sinon, eux non plus ne pourraient jamais sortir du bunker.

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commentaires

J
<br /> Tient, sous le sapin, on pourrait remplacer la crèche par un bunker ? Cela serait du meilleur effet !<br />
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C
<br /> Si le plan n'échoue pas, l'humanité sera plus riche de 1201 cochons dégénérés. Le sauvetage aura réussi.<br />
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Y
<br /> Eh oui, Joël, il ne faut pas trop compter sur les autres quand il y a un travail à accomplir. Le mieux est de retrousser ses manches et de le faire soi-même. On est plus sûr du résultat.<br />
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L
<br /> Ils avaient oublié que, dans un lointain passé, l'Empire Romain avait été détruit par les invasions de peuples barbares, qui leur fournissaient, malgré eux, les esclaves qui, travaillant<br /> gratuitement, avaient mis au chômage le peuple Romain. Et ce peuple, abruti par les jeux du cirque et l'oisiveté, n'avait pas su défendre son territoire contre la juste colère des voisins<br /> autrefois opprimés. <br />
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