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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 08:00

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Rencontre au sommet

Ysiad

 

 

C’est toujours la même histoire, quand approche le moment de rencontrer le Chef des cinquante Etats. Devant son placard à galoches, le Président, Ninic pour les intimes, se met dans tous ses états ! Il s’énerve, trépigne poings serrés et la colère au front, martèle le sol de ses talons renforcés puis, furieux, sort de la chambre et part marcher de long en large dans son grand palais en écartant ses courtisans. « Merde ! Que faire pour paraître à la hauteur à côté de l’Amerloque ? » s’interroge-t-il tout fort avec toute la spontanéité qui le caractérise, et cela navre à chaque fois Madame qui, elle, a la taille mannequin et lui met allègrement une tête, rien qu’en portant des ballerines.

 

Lorsque son petit homme de mari pique sa crise, elle se retire dans ses appartements pour aller gratter sa guitare. Elle a beau se retirer souvent dans ses appartements, elle fait pas de beaucoup de progrès à la guitare.

 

Madame supporte mal l’idée que son Ninic, qu’elle considère bon et gentil et doux et capable de sauver le pays, se trouve petit et pique ainsi sa crise devant son placard à grolles, ça peut boucher les artères, elle l’a lu dans les magazines. Car enfin, même s’il est petit, il est grand, son Ninic ! Pas grand par la taille, non, par l’ambition. D’abord que son Ninic, il a des visées supérieures, surtout lorsqu’il s’agit d’aller serrer la pince du Chef des cinquante Etats, qui, lui, est super grand pour le coup, ne tempête pas devant son placard à godasses, sait sourire à la tribune et donner à son peuple de beaux discours revigorants au cœur desquels brille comme une flamme l’idée de justice, et même parfois parvient-il à l’appliquer, pour le bien de son pays. Ah mon dieu ce qu’il peut être agaçant, ce type qu’est super beau, qu’a de super belles idées et une stature imposante, et comme il peut gonfler Ninic ! Pourquoi cet amerloque charismatique ne fait-il pas un mètre trente deux, comme tous les grands de ce monde, putain de merde ? (C’est la question que se pose Ninic en pensant à Alexandre le Grand ou Napoléon 1er, quand il part dans son Falcon 7X serrer la louche du Chef des cinquante Etats).

 

C’est à chaque fois une prise de tête pour savoir quelles pompes mettre pour ne pas paraître nabot à côté du grand orateur qui porte le doux nom de BO (et en plus, il est beau, BO) et fait dire à ses fans que «BO, il casse la baraque rien qu’avec un Yes, we can », et que Ninic, il va encore faire rire dans les chaumières quand il s’empourprera sur ses semelles de caoutchouc en parlant des droits de l’homme.

 

Mais revenons vite aux tatanes rehaussantes de Ninic pour aller serrer la pince de BO, et nous pouvons vous dire que c’est en train de très salement barder dans les appartements de Madame.

 

« Au lieu de faire des fausses notes, viens donc m’aider à choisir !», hurle le petit trépignant si fort que Madame en lâche sa guitare, dont toutes les cordes sautent en même temps. « C’est malin, gémit-elle, t’as encore niqué ma guitare, Ninic ! J’enregistre cet après-midi pour mon nouveau disque ! » « Mais qu’est ce qu’on s’en tape, crache-t-il dans son style gracieux, allez, zou, y a l’ feu, grouille, me faut une nouvelle paire de pompes !»

 

Donc les voilà partis dare-dare pour le magasin de souliers rehaussants.

 

Et là mes agneaux, il faut un vendeur solide aux nerfs d’acier, car le petit homme s’énerve. Il hurle que rien n’est assez haut pour lui. On lui propose des modèles à bouts ronds, à bouts carrés et même triangulaires, tous sévèrement talonnés et semellés et rehaussés, mais qui ne suffisent pas à lui faire dépasser le mètre soixante-dix.

 

« Putain de Dieu ! braille-t-il, y a pas plus haut ? L’aut’ con, y fait 1,90m ! Merde ! Manque vingt centimètres ! »

 

Soudain, comme dans ces tableaux où le ciel est soudain percé par une lumière divine, la solution se fait jour dans la tête du vendeur.  « J’ai trouvé! Vous faut un escabeau ! »

 

Ninic s’enflamme. Vire violet. « T’en as d’aut’, des comme ça ? » hurle-t-il et pour se passer les nerfs, il sort toutes les chaussures de leur boîte et les jette, pêle-mêle, dans la boutique. « Ça t’en babouche un coin, et pis ça va t’en cuire aussi ! » piaffe-t-il comme un dément à l’adresse du vendeur terrorisé qui s’est réfugié derrière son comptoir.

 

Puis il se calme. Toussote. Renifle. Rajuste sa cravate. Se rechausse. S’éponge le front. Se visse les index dans les oreilles. Claque des dents. Chasse une poussière d’une pichenette, hausse les épaules, un p’tit coup à gauche, un gros coup à droite, prend Madame par la main et sans un mot quitte la boutique.

 

La solution, c’est lui, Ninic, qui l’a trouvée. Foin d’escabeau.

 

Une chaise, tout simplement. Pour faire asseoir le beau BO.

 

Votez Ninic, le p’tit type qu’a toujours les bonnes solutions !

 

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commentaires

C
<br /> Si De Funès était encore de ce monde, on lui ferait un pont d'or pour une bio de Ninic. Mais peut-être - recyclage oblige - Ninic interprètera-t-il De Funès au cinéma, après le fessée du 6 mai<br /> 2012.<br />
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Y
<br /> merci à tous et merci pour le montage, Patrick, qui est génial.<br />
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C
<br /> Quand on est persuadé d'avoir toujours raison...<br />
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A
<br /> Oui, Jean, j'ai moi aussi pensé à Chaplin ! Un grand Bravo Daisy pour cette scène aussi vraie que nature, c'est ironique à souhait, un véritable pastiche !<br />
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J
<br /> Croustillant remake d'une scène du Dictateur de Charly Chaplin quand le petit Adolph, réhaussé de gros coussins, fait asseoir Benito en face de lui sur un prie-dieu. Bravo Ysiad.<br />
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