Pour en finir avec Duchemin
Benoit Camus
Sur les rotules, je termine la campagne. Et les méninges racornies, à force de fréquenter Duchemin. Il est temps que mon calvaire s’achève, que je rejoigne des sphères plus oxygénées.
Il ne m’aura rien épargné, le Duchemin. Je me serai aligné sur ses opinions, en aurai rabattu sur les miennes. Bref, j’aurai tout mis en œuvre pour me le rallier. « Pas tout ! », déplore mon communicant numéro 1. Qui me reproche ma réserve ! Ma réserve… alors que je n’ai jamais été aussi affable, que je n’ai jamais été aussi conciliant. Des heures durant, à l’écouter se plaindre et râler. Le pire : ses analyses de la situation, ses bons conseils afin de remédier aux problèmes du pays et du monde. Et moi d’acquiescer, oui oui, mais bien sûr, en arborant l’air le plus intéressé possible, comme si je buvais ses paroles, et de rebondir, de promettre et d’enchérir, l’œil rivé sur les sondages. Que d’inepties, j’ai dû assimiler et m’approprier… Tant, qu’aujourd’hui, j’en ai la nausée. J’ai besoin de respirer. J’ai besoin de me ressourcer.
Plus que quelques jours à tenir, je m’encourage. J’ai l’échéance en ligne de mire. Je ne songe qu’à ce dimanche qui me libérera de mes chaînes, à ce verdict des Duchemin qui m’affranchira de leur commerce ! Oui, qu’on en finisse ! Qu’on ferme la parenthèse ! Bye bye Duchemin ! Chacun à sa place, selon ses capacités : moi dans mes nouveaux quartiers, à frayer dans les espaces lumineux des problématiques élevées, lui… eh bien lui, à se débattre avec ses soucis, ses si chers petits soucis à la Duchemin !
Rideau ! La farce a assez duré !