Ballade de deux Parisiennes – mère et fille- du côté d’un square pas comme les autres... C'est extra !
Au bout du passage Brûlon se tient le square Léo Ferré dans le douzième arrondissement, délicieusement calme à cinq heures de l'après-midi, à côté du jardin collectif de l'Aligresse, en retrait de l'agitation de la ville. Une rose rouge est accrochée au-dessus de la plaque nouvellement inaugurée. Le gardien est en train de fermer les accès, il est dix-sept heures, son trousseau de clés tinte dans sa poche, il s'éloigne vers la rue, nous laissant seules derrière les barrières, à contempler le square et ses bosquets d'arbres, ses trois petites plates-formes en bois montées sur des ressorts rouges, son allée que nous devinons derrière les arbres encore verts. Nous faisons le tour du square, croisons de rares passants, revenons sur nos pas et soudain ma fille me confie l'appareil, sa veste, son écharpe et me dit : "Prends des photos, j'y vais."
Les cours de cirque ont du bon et ce n'est pas une petite barrière qui pourrait freiner son élan, ça non. La voilà de l'autre côté. Elle court en liberté, grimpe sur les plates-formes comme autrefois au square des Cloÿs, d'un mouvement de bascule les déséquilibre sous ses pieds, descend, s'échappe, court dans l'allée, disparaît derrière les arbres, revient, virevolte, repart. Plus tard, elle escalade la barrière en refusant mon aide, noue son écharpe, reprend son appareil. Nous flânons encore un peu, jusqu'à ce que les ombres du soir descendent lentement sur les arbres, la petite allée, les plates-formes, le jardin de l'Aligresse, la plaque du poète.