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17 octobre 2006 2 17 /10 /octobre /2006 22:27

 

Voilà, c’est fait. Je l’ai. Le septième. Il était annoncé pour le 5 octobre, je ne l’ai vu apparaître que le 13. Mais bon, un vendredi tout de même. Mon voisin de blog, Stéphane Laurent, l’attendait lui, depuis belle lurette. Un peu comme le débarquement ou la venue d’un nouveau prophète. Mais si ! Mais si ! Il comptait les jours et brûlait d’impatience, rivé à la toile, guettant bien au-delà de l’écran le moindre signe avant-coureur. Pour donner le change, il racontait comment la révélation lui était venue, comment il avait été touchée par la Grâce, comment une nouvelle voix, forte et singulière, était en train de s’installer dans le paysage littéraire.

Alors forcément, une telle force de conviction ne peut laisser insensible et, à moins d’avoir été précipité dans les ténèbres par quelque puissance occulte, on se dit que l’on va aller à la rencontre du phénomène et que l’illumination va certainement être de toute beauté.

Seulement voilà, maintenant que l’objet est entre mes mains, je ne fais que le palper et le feuilleter, je n’ose pas y aller franco. J’ai jeté un œil au dos de la chose, vous savez là où l’on résume en trois ou quatre mots ce qui est dévoilé à l’intérieur. Et là, il est dit : Chez Stewart O’Nan, le pays des ténèbres n’est pas celui des morts, mais celui des rescapés rongés par la culpabilité. Ce n’est pas rien une mise en garde pareille. Du coup, je me suis demandé si je n’allais pas attendre un peu avant de m’y mettre. Au moins jusqu’à la nuit pour ne pas risquer de croiser le regard honteux d’un survivant. J’aime bien être seul pour braver ces affres-là. Comme cela après, on peut toujours se la raconter et affirmer haut et fort qu’on en est revenu. Faire le malin, quoi !

Bon, je ne vais pas vous raconter de salades, Stewart O’Nan est un facétieux. Ses zombies ne fichent pas les jetons, ce sont les vivants qui s’en chargent. Des gens tourmentés jusqu'à la moelle, qui en ont marre les uns des autres et qui interrogent l’au-delà pour savoir dans quel monde ils vivent. Et si c’était de la folie, se demandent ceux qui ne sont plus sûrs de rien. Quant aux autres, ceux qui font encore semblant, ceux qui jouent le jeu du on dirait que personne ne mourrait jamais, ceux-là sentent bien qu’ils sont à un tournant, que c’en est terminé avec l’infinité des possibles. Halloween est la pire des comédies. Le conte n’est plus. La souffrance explose dans chaque geste, chaque regard, chaque évocation. Chacun s’empêtre entre réalité et fiction pour finir par sombrer dans une tristesse proche de la mélancolie ou bien dans un repli autistique ou encore dans l’illusion qu’en rejoignant la communauté des fantômes on en aurait fini avec l’angoisse et que rien de grave ne pourrait arriver.

Allez-y, lisez, glissez-vous dans cet entre-deux, écoutez votre cœur, vous êtes encore en vie, n’est-ce pas ? La nuit ne fait que commencer.

 Le pays des ténèbres de Stewart O’Nan aux Editions de l’Olivier, 330 pages, 20€

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commentaires

S
Merci, Patrick, pour ce compte-rendu juste et sensible du livre de O' Nan. Je t'en remercie d'autant plus que la pertinence de ton commentaire me dispense d'en écrire un moi-même, moi, le fainéant contrarié !
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