Le moi souffrant
Je garde un marteau secret au fond de mon cœur !
Il me sert à morceler tes rêves, à les démonter,
En espérant y accéder, je les transforme en eau,
Puis je les bois. Boire les rêves, j’adore ça.
Les rêves sont de lourdes pierres,
Avec, je ne peux pas jongler, je ne peux ni les caresser,
Ni les jeter au loin dans la jungle,
De ces pierres je ne peux rien faire, et pourtant
Tes rêves m’enthousiasment tant et tant que
Ma peau se couvre de la lèpre du bonheur,
Je meurs dans la souffrance de ce bonheur.
Il y a un récipient vide au fond de mon cœur.
Dedans, il n’y a absolument rien,
La nuit, j’entends cliqueter tout ce rien.
Ce bruit qui m’endort me réveille aussi.
Dedans, il n’y a rien.
Mais mieux vaut pour moi qu’il n’y ait rien !
Extrait de "Poèmes d’amour et de combat" de Taslima Nasreen, aux Editions Librio