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4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 15:45


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Le train roule à grande vitesse, en route pour les côtes bretonnes. Une petite famille est en voyage.

L’enfant a moins de deux ans. Il vient de se réveiller et pleure en s’agrippant au bras de la femme.

Brassée par la rumeur insistante du rail, elle reste muette à ses appels. Elle semble presque oublieuse de tout. Le front posé sur la vitre, son attention est captée par le couchant du soleil et la multitude de cristaux de couleurs qui s’enfuient sitôt surpris.

L’homme lit l’Equipe. Il jette un œil agacé en direction de la femme. L’enfant ne le sollicite pas. Il geint plus qu’il ne pleure, s’agite sur le siège, griffe la main de la femme. L’homme respire bruyamment, souffle, s’agite à son tour. Excédé, il abandonne son journal et intervient.

Arrête ! Arrête, je te dis ! Tu vas pas recommencer non ! Arrête ! Regarde autour de toi, tu vois des enfants en train de pleurer ? Tu en vois ? Non, tu n’en vois pas parce qu’il n’y a pas un seul enfant qui pleure dans le train. Dans les trains on ne pleure pas, alors arrête ! Tu entends, arrête ton cinéma !

L’enfant cesse de gémir, se détache de la femme et se replie sur son doudou.

L’homme reprend son journal et marmonne : merde, c’est quand même pas compliqué !

La femme se mordille les lèvres. Il y a de la buée sur la vitre. A l’extérieur les points de repères disparaissent peu à peu sous une brume naissante. Dans sa fuite éperdue le temps ne laisse bientôt plus filtrer que des ombres.

 

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commentaires

P
Ah, que ne dit-on pas au nom du père !
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M
ça doit être ce que les psys appellent le "non du père", ça, hein?
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